Joe Biden le sait : il ne lui reste plus que quelques jours à la tête des Etats-Unis. Le 20 janvier, il passera la main à Donald Trump, celui à qui tout ou presque l’oppose. A quinze jours de la passation de pouvoir, Libé fait le point sur les dernières décisions prises par le futur ex-président et sur l’organisation de la grande cérémonie.
Messi, Soros et Clinton décorés
Le temps d’un samedi, Joe Biden s’est mué en père Noël. Ce 4 janvier, le président sortant a décerné pas moins de 19 prestigieuses «Médailles présidentielles de la liberté» à une série de personnalités. Cette plus haute distinction civile a été donnée aux acteurs Denzel Washington et Michael J. Fox, au chef et fondateur de l’ONG World Central Kitchen José Andrès, à la primatologue Jane Goodall, au financier et philanthrope George Soros, à la candidate démocrate à la présidentielle 2016 Hillary Clinton, ou encore au basketteur Magic Johnson et au footballeur Lionel Messi, qui ne s’est pas présenté à la cérémonie, pris par d’autres engagements.
Interdiction de nouvelles exploitations pétrolières et gazières en mer
Avant l’arrivée d’un nouveau chef de l’Etat notoirement climatosceptique, Joe Biden tente d’œuvrer pour l’environnement. D’après Bloomberg, il devrait annoncer ce lundi 6 janvier l’interdiction de toute nouvelle exploitation pétrolière et gazière en mer sur 250 millions d’hectares autour du territoire côtier américain. Le texte devrait passer par l’Outer Continental Shelf Lands Act, une partie de la loi qui lui permettrait d’interdire donc largement les forages et surtout qui empêcherait ses successeurs, Donald Trump ou les suivants, de révoquer l’interdiction. Seul le Congrès pourrait le faire. A majorités républicaines, les deux chambres ne sont pourtant pas acquises à Donald Trump, comme l’a démontré la difficile réélection du speaker de la Chambre des représentants Mike Johnson, ce vendredi.
Les Etats-Unis vendent huit milliards de dollars d’armes à Israël
C’est au moins un sujet sur lesquels Donald Trump et Joe Biden sont d’accord : celui du soutien à Israël dans la guerre qu’il mène à Gaza, malgré les dizaines de milliers de morts, les centaines de milliers de déplacés ou encore la famine qui guette les Palestiniens. Samedi 4 janvier, l’administration Biden a ainsi annoncé une vente d’armes à Israël estimée à huit milliards de dollars. Elle doit encore être approuvée par le Congrès. Avant son départ du pouvoir, Joe Biden balaie ainsi une nouvelle fois la pression mise par certaines organisations de défense des droits humains et des élus démocrates qui s’opposent à de telles ventes à Israël. Lors d’un discours au Congrès en novembre, l’élu de gauche Bernie Sanders avait par exemple plaidé pour une fin de ces ventes.
Les milliardaires rincent pour l’investiture de Trump
Vent debout en 2016 contre le tout frais président élu Donald Trump, les dirigeants de la Silicon Valley sont aujourd’hui aux petits soins avec lui. Parmi les plus attentionnés des puissants PDG de la tech installés en Californie du Nord, le patron d’Apple Tim Cook qui s’apprête à verser un million d’euros de sa fortune personnelle pour cofinancer la cérémonie d’investiture le 20 janvier. Il rejoint ainsi son collègue Sam Altman, PDG d’Open AI, qui avait annoncé en décembre signer un chèque d’un million de dollars pour la cérémonie d’investiture. Du côté de Meta ou Amazon, ce sont les entreprises (et non les PDG) qui avaient aussi dit en décembre qu’ils verseraient une somme similaire. Ces dons sont loin d’être désintéressés : les donateurs versant au moins un million de dollars se verront promettre un accès privilégié au président élu et à son cercle rapproché. Selon le New York Times, cela inclut jusqu’à six billets pour huit événements inauguraux, du 17 au 20 janvier, ainsi qu’un «dîner élégant et intime avec le président Donald J. Trump et Mme Melania Trump» prévu le 19 janvier.
Censurée, une caricaturiste du «Washington Post» démissionne
On avait déjà vu, lors de la campagne présidentielle, le peu de courage politique du Washington Post qui avait refusé de prendre position entre Donald Trump et Kamala Harris. Rebelote ce week-end : le journal a refusé de publier une caricature de la dessinatrice Ann Telnaes, qui travaillait pour le quotidien depuis 17 ans. Sur le dessin censuré, qu’Ann Telnaes a partagé sur son blog, on voit Jeff Bezos, fondateur d’Amazon et propriétaire du Washington Post, à genoux devant une statue de Donald Trump, un sac de billets à la main. Une référence au don d’un million de dollars d’Amazon pour la cérémonie d’investiture de Trump et aux déplacements de Bezos en Floride pour rencontrer le président élu. Ann Telnaes explique que depuis 2008, elle n’a jamais eu le moindre dessin rejeté et que cette censure s’explique par le fait que «les milliardaires et patrons de la tech et des médias font tout pour s’attirer les faveurs» de Donald Trump.
Washington Post cartoonist Ann Telnaes resigned after an editor rejected her sketch satirizing tech chiefs, including the Post's owner and Amazon founder Jeff Bezos.
— NPR (@npr.org) 4 janvier 2025 à 21:02
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Donald Trump connaîtra la semaine prochaine sa peine dans l’affaire Stormy Daniels
Condamné au pénal à New York au printemps, Donald Trump connaîtra enfin sa peine le 10 janvier, soit dix jours avant son investiture, a annoncé vendredi la justice. Le juge du tribunal de Manhattan, Juan Merchan, a néanmoins précisé ne pas être «enclin à imposer une peine d’incarcération» à l’ancien et futur locataire de la Maison Blanche, âgé de 78 ans. Après six semaines de procès en pleine campagne électorale, Donald Trump est devenu le 30 mai le premier ex-président américain (2017-2021) à être condamné au pénal. Le jury du tribunal de Manhattan l’avait reconnu coupable de 34 chefs d’accusation pour des paiements cachés à une star du porno, Stormy Daniels, effectués juste avant la présidentielle de novembre 2016. Il lui est reproché une «falsification comptable aggravée pour dissimuler un complot visant à pervertir l’élection de 2016» qu’il avait remportée contre la démocrate Hillary Clinton.
Giorgia Meloni en Floride chez Donald Trump
La visite n’était annoncée nulle part. Mais ce samedi 4 janvier dans la soirée, la Première ministre italienne Giorgia Meloni s’est rendue en Floride pour rencontrer Donald Trump dans sa résidence de Mar-a-Lago. Sur les clichés qui font la Une de tous les médias italiens ce dimanche, on les voit tous les deux devant l’entrée de la résidence de Mar-a-Lago et discutant dans la salle de réception, un arbre de Noël visible en arrière-plan. Selon la presse américaine une projection de film et un dîner ont marqué cette visite entre les deux dirigeants aux idées proches.