Le gouvernement de Colombie et l’Armée nationale de libération (ELN), guérilla d’extrême gauche, ont annoncé ce mardi 6 février à La Havane la prolongation pour six mois du cessez-le-feu en vigueur depuis août. «Nous nous sommes mis d’accord pour prolonger à partir de minuit le 6 février 2024 pour cent quatre-vingt (180) jours le cessez-le-feu bilatéral, national et temporaire» indique un document diffusé par les deux parties.
L’ELN, dernière rébellion active en Colombie, s’engage également à «suspendre» les enlèvements. «L’Armée de libération nationale (ELN) pour contribuer au développement du cessez-le-feu bilatéral, national et temporaire suspend de forme unilatérale et temporaire les rétentions à caractère économique», est-il écrit. L’enlèvement par le groupe rebelle fin octobre du père du footballeur colombien Luis Diaz, relâché 12 jours plus tard, avait mis en péril le processus de paix entamé fin 2022. En décembre, lors du précédent cycle de négociations au Mexique, l’ELN s’était engagée à suspendre les enlèvements «dans le cadre de l’extension du cessez-le-feu» en Colombie.
Ce cessez-le-feu, entré en vigueur le 3 août 2023 arrivé à terme le 29 janvier, avait déjà été prolongé de sept jours la semaine dernière pour donner un délai supplémentaire aux négociateurs. Ces derniers avaient exprimé dès le début de ce nouveau cycle de discussions leur intention de parvenir à un accord pour prolonger la trêve. Le ministre de la Défense colombien, Ivan Velasquez, avait même fait le déplacement à La Havane il y a un peu plus d’une semaine pour participer aux négociations. La cérémonie de clôture est désormais prévue dans la capitale cubaine ce mardi dans la matinée.
Politique de «paix totale»
Gustavo Petro, premier président de gauche de l’histoire de la Colombie, a entamé des discussions avec les principaux groupes armés opérant dans le pays. Avec l’ELN, mais aussi les dissidents des Farc marxistes (des dissidents des Farc, qui rejettent l’accord de paix historique de 2016), des groupes paramilitaires et des narcotrafiquants. Cette politique de «paix totale» se heurte à de nombreux obstacles et est sévèrement critiquée par l’opposition, alors que certains de ces groupes armés ont multiplié leurs actions pour accroître leur influence territoriale.
A lire aussi
Plusieurs cycles de négociations ont eu lieu précédemment au Venezuela, au Mexique et à Cuba, qui jouent le rôle de garants avec les gouvernements du Brésil, du Chili et de la Norvège. A ces pays s’ajoutent l’Allemagne, l’Espagne, la Suède et la Suisse, qui accompagnent les pourparlers, ainsi qu’un représentant du secrétaire général des Nations unies.
Présente dans l’Ouest sur la côte Pacifique et dans le nord-est frontalier du Venezuela, l’ELN, dont les effectifs sont évalués à 5 800 combattants, défie l’Etat colombien depuis sa naissance en 1964 dans le sillage de la révolution cubaine. Au total, ce sont plus de 90 groupes armés illégaux qui sont actuellement actifs en Colombie : dissidents des Farc, ELN, héritiers des groupes paramilitaires d’extrême droite des années 1990 et simples gangs de narcotrafiquants, comme le redoutable Clan del Golfo, selon le groupe de réflexion colombien indépendant Indepaz.