Ils avaient 14, 15 et 16 ans. «Rien que l’année dernière, cette école a perdu quatre élèves dans la violence armée, témoigne Jawanna Hardy. Il y a deux semaines encore, deux élèves ont été arrêtés parce qu’ils avaient un pistolet sur eux, pour se défendre en cas de vol.» Entre les petits immeubles en brique du sud-est de Washington, face à l’établissement scolaire, la fondatrice de Guns Down Friday gare sa voiture. Les bras chargés de cartons, elle passe le portique de sécurité et se dirige tout droit vers l’une des salles de classe. Dans le couloir, les «bonjour Miss Hardy» fusent, les visages des élèves s’éclairent. Elle connaît chacun d’entre eux. Ce sont ces jeunes, confrontés aux homicides, aux conflits de quartier et à la pauvreté qu’elle essaie de remettre sur le droit chemin, pour les empêcher de choisir la violence et les armes. L’ancienne militaire de l’armée de l’air a décidé de monter son association en 2018, face à la criminalité qui explose dans l’est de la ville. «En revenant ici, j’ai réalisé que Washington était pire qu’une zone de guerre», souffle la femme de 36 ans, pull bleu floqué du logo de son association, en partie caché par ses longs cheveux noirs.
Depuis 2018, les crimes dans la capitale des Etats-Unis n’ont cessé d’augmenter. En 2023, Washington a retrouvé un niveau de criminalité jamais atteint en deux décennies. Pire encore, c’est le nombre d’homicides qui grimpe en flèche : +35 % en un an. Avec 274 tués en 2023, âgés d