Menu
Libération
Le discours d'un roi

Charles III défend l’autodétermination du Canada face aux menaces de Trump

Le roi du Commonwealth a prononcé en personne le discours du trône, ce mardi 27 mai à Ottawa, apportant son soutien à la souveraineté des Canadiens à l’heure des tensions avec Washington.
Le Premier ministre canadien, Mark Carney, avec le roi Charles et la reine Camilla, au Sénat canadien, à Ottawa, ce mardi 27 mai 2025. (Adrian Wyld/AP)
publié le 27 mai 2025 à 19h16

Face à la folie expansionniste de Donald Trump, le roi du Commonwealth, Charles III, se tient aux côtés des Canadiens. Il l’a dit, et répété, lors du très symbolique discours du trône, prononcé ce mardi 27 mai à Ottawa, pour marquer la réouverture du Parlement canadien. L‘autodétermination est une valeur chère aux Canadiens, a insisté le souverain, au moment où le pays dont il est le chef d‘Etat vit une crise sans précédent en raison des menaces d‘annexion de Donald Trump. «La démocratie, le pluralisme, la primauté du droit, l’autodétermination et la liberté sont des valeurs chères aux yeux des Canadiens et des Canadiennes, des valeurs que le gouvernement est déterminé à protéger», a déclaré Charles III dans un discours prononcé pour la réouverture du Parlement, temps fort d‘une visite hautement symbolique au Canada.

Le nouveau Premier ministre canadien, Mark Carney, a voulu faire de cette visite, vue comme un «honneur historique, à la mesure des enjeux de notre temps», une démonstration de souveraineté face au voisin du sud et aux velléités de Donald Trump de faire du Canada le 51e Etat américain.

C’est à l’invitation de Mark Carney que le souverain britannique a fait exceptionnellement ce déplacement pour cette allocution qui est en principe prononcée par le représentant de la couronne britannique au Canada, le gouverneur général.

«Démontrer la souveraineté du Canada»

Des milliers de personnes étaient rassemblées tôt mardi matin le long du parcours du défilé pour apercevoir leur monarque. Dans une atmosphère festive, elles ont agité des drapeaux canadiens et l’Union Jack, la bannière britannique. Parmi eux, Kirsten Hanson, 44 ans, s’est réjouie du soutien apporté par le roi : «S’il peut faire quoi que ce soit pour démontrer la souveraineté du Canada, c’est fantastique, a-t-elle dit à l’AFP. Personne ne veut être absorbé par les Etats-Unis.»

Si le roi Charles III a prononcé le discours comme s’il s’agissait de ses propres mots, il a été, en réalité, rédigé par le cabinet du Premier ministre puisqu’il vise à détailler le programme du nouveau gouvernement de centre gauche.

Cette équipe dirigée par le libéral Mark Carney, un technocrate sans expérience politique, est en place depuis les élections législatives du 28 avril après une campagne entièrement centrée sur Donald Trump et ses menaces. Dans un langage diplomatique prudent, le discours a réaffirmé la souveraineté du Canada, que Carney a déjà plusieurs fois martelée depuis qu’il est devenu Premier ministre en mars, succédant à Justin Trudeau.

«Nous ne sommes pas à vendre»

«C’est extraordinaire car c’est seulement la troisième fois que le souverain lit ce discours» lui-même, explique Félix Mathieu, politologue et professeur à l’Université du Québec en Outaouais. Elizabeth II, la mère du roi Charles, n’est venue le prononcer que deux fois lors de son long règne, en 1957 et en 1977. «Ce qui va être intéressant c’est aussi tout ce qui va entourer le discours du trône», ajoute-t-il, parlant d‘un «message à Donald Trump» pour lui montrer que le «Canada n’est pas seul dans ce combat».

Pour de nombreux Canadiens, le voyage de Charles III et de la reine Camilla revêt une symbolique forte. Et ils étaient nombreux lundi à se presser dans la capitale pour saluer le monarque pour son premier jour de visite. Pour Shrikant Mogulala, c’est directement un «message aux Etats-Unis et à Donald Trump». Et pour ce trentenaire, «le message est clair : nous ne sommes pas à vendre».

«C’est formidable pour le Canada qu’il soit ici, compte tenu des circonstances géopolitiques et de la situation actuelle de notre pays», renchérit auprès de l’AFP Dave Shaw, retraité de 60 ans. Charles et Camilla se sont rendus lundi sur un marché de producteurs, ont assisté à un spectacle de danse autochtone et au début d‘un match de hockey de rue.

Mardi, le couple est arrivé dans l’ancienne gare qui abrite la Chambre temporaire du Sénat dans une voiture de cérémonie tirée par des chevaux de la gendarmerie royale du Canada. Une salve de 21 coups de canon a été tirée au moment où le drapeau canadien sur le bâtiment a été remplacé par une bannière indiquant la présence du roi.