Deux communautés face à l’onde de choc proche-orientale et la crainte de répercussions. Autant que la communauté juive des Etats-Unis, confrontée depuis deux semaines à une forte hausse des actes antisémites, de nombreux Arabes et musulmans américains s’inquiètent d’une recrudescence de la stigmatisation et des menaces. Après l’attaque terroriste du Hamas du 7 octobre, comparée par plusieurs responsables de l’Etat hébreu au «11 Septembre d’Israël», de nombreux musulmans américains disent déjà observer les signes d’un retour à l’ère de défiance généralisée consécutive aux attentats de 2001.
«On remarque une stigmatisation similaire à ce qu’on a déjà vécu à l’époque», assure Nader Hashemi, professeur à l’université de Georgetown (Washington) et spécialiste du Moyen-Orient et de l’islam. Après les attaques de 2001 perpétrées par Al-Qaeda, des millions de musulmans américains, eux aussi traumatisés par les attentats, ont dû faire face à une vague d’islamophobie sans précédent, alimentée par la peur et la désinformation. Entre 2000 et 2001, les crimes haineux antimusulmans ont été multipliés par 17, selon les statistiques du FBI, et ne sont depuis jamais retombés à leur niveau d’avant les attentats, connaissant même un net regain entre 2015 et 2017, sur fond d’émergence politique de Donald Trump.