Même la démonstration de force des partisans de l’Apruebo («l’approbation»), jeudi soir dans la capitale chilienne, semble devoir rien n’y changer. Dans le froid hivernal de Santiago, les tenants du Rechazo (le «rejet») au projet de nouvelle Constitution, soumis à référendum ce dimanche, se projettent déjà dans l’après, avec le sentiment diffus que les dés sont jetés. Sur la Alameda, l’avenue qui traverse Santiago, 300 000 militants du «oui» se sont ébroués dans une ambiance de kermesse populaire. A l’autre bout de la ville, au parc métropolitain Pablo-Neruda, ils étaient à peine plusieurs centaines pour débattre des vertus du «rejet». Un scénario qui, depuis le début de la campagne, se répète : les premiers occupent la rue, leur habitat naturel ; les seconds préfèrent les réseaux sociaux et bénéficient de la puissance des télévisions et quotidiens, majoritairement conservateurs.
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Comme souvent pour un référendum, les lignes de fracture transcendent les clivages habituels. «Le Rechazo trouve ses partisans un peu partout, assure Pedro, 34 ans, veilleur de nuit cubain dans un petit hôtel près de Santa Isabel, dans le pays depuis dix ans. La plupart des associations de migrants sont contre le texte, parce qu’il met en danger les institutions et l’Etat de droit. On veut vivre dans un pays libre avec des opportunités pour tous. Ce projet ne nous représente pas. Il est temps d’avoir une bonne constitution ; une nouvelle, mais pas celle-là.» Comme beaucoup