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Libération
Réconciliation ?

Musk admet être «allé trop loin» dans son clash avec Trump, qui se dit «reconnaissant» des regrets de son ex-bras droit

Quelques jours après leur tonitruante dispute sur les réseaux sociaux, le patron de Tesla a dit regretter, ce mercredi 11 juin, certains de ses propos tenus contre le président américain, qui a «bien vu» ce mea culpa.
Donald Trump et Elon Musk, le 5 octobre 2024 à Butler, en Pennsylvanie. (Jim Watson /AFP)
publié le 11 juin 2025 à 11h54
(mis à jour le 11 juin 2025 à 21h38)

La hache de guerre semble être (pour l’instant) enterrée. Le multimilliardaire Elon Musk a fait un nouveau pas, ce mercredi 11 juin dans la matinée, envers son vieux comparse Donald Trump avec qui il a partagé au début de l’année une bromance au plus haut sommet de l’Etat, avant de s’écharper violemment sur les réseaux sociaux. «Je regrette certains de mes messages sur le président Donald Trump la semaine dernière. Ils sont allés trop loin», a-t-il publié sur son réseau X.

En fin de journée, la porte-parole de la Maison Blanche a déclaré que Donald Trump «a bien vu le communiqué qu’Elon a publié ce matin, et il en est reconnaissant». Elle a ajouté que l’administration n’avait entamé aucun examen des nombreux contrats passés entre les entreprises du multimilliardaire et l’Etat fédéral.

Selon plusieurs médias américains comme CNN et le New York Times, Elon Musk aurait appelé Donald Trump dans la soirée lundi, avant son message de regrets sur X.

Le patron de SpaceX, entreprise spatiale très dépendante des commandes de la Nasa, et fondateur du constructeur automobile Tesla, soumis au cadre normatif édicté par les autorités américaines, avait fait une série de premiers gestes en fin de semaine dernière. Il avait ainsi supprimé un post sur X publié au plus fort de sa dispute avec le président américain, dans lequel il l’accusait d’être impliqué dans l’affaire Jeffrey Epstein, du nom d’un financier accusé d’exploitation sexuelle de mineures.

D’autres posts écrits ou partagés par le milliardaire, dont l’un appelait à destituer Donald Trump, ont également été supprimés. Dans son nouveau tweet, Elon Musk n’a pas détaillé ce mercredi à quelles publications il faisait référence.

Invectives

Les deux hommes, qui ont été très proches pendant la campagne de Donald Trump et au début de son second mandat, se sont déchirés publiquement, dans des registres tant professionnels que personnels. L’homme d’affaires avait ainsi dénoncé le projet de loi budgétaire porté par Donald Trump, lequel avait mis en cause la santé mentale de ce dernier.

Tout commence jeudi 5 juin. Si Trump voit en son projet de loi budgétaire une «grande et belle loi», et qui constitue la clé de voûte de son programme présidentiel, pour le magnat de la tech, il s’agit ni plus ni moins que d’«une abomination répugnante». Donald Trump avait alors répondu être étonné, d’autant que selon lui Elon Musk connaissait le contenu du projet.

«Faux», avait rétorqué ce dernier, avant d’enchaîner en affirmant que c’était grâce à lui, à son soutien et à ses dollars, que Donald Trump était aujourd’hui assis dans le Bureau ovale. Et d’évoquer la possibilité de créer son propre parti politique, lui qui ne peut pas être élu à la Maison Blanche car né hors des Etats-Unis.

Il est «devenu fou», avait riposté Donald Trump, agitant la menace de supprimer subventions et commandes publiques aux entreprises d’Elon Musk. Les échanges s’étaient poursuivis ainsi pendant des heures sous le regard interloqué du reste de la planète, sidéré devant le choc entre l’homme le plus riche du monde, adossé à une fortune de près de 400 milliards de dollars, et l’homme le plus puissant du monde à la tête des Etats-Unis.

D’autant qu’ils avaient été très proches, échangeant d’innombrables amabilités au cours des mois précédents, quand Elon Musk avait été chargé de mettre en place le Doge, la commission fédérale chargée de faire fondre, parfois brutalement, les dépenses de l’Etat fédéral.

Mais cette séparation porte aussi en germe des conséquences très concrètes pour les entreprises d’Elon Musk, compte tenu du pouvoir exécutif détenu par Donald Trump. Et ce, malgré la place cruciale des entreprises d’Elon Musk dans le paysage américain, même si ce dernier soutenait que sa puissance à lui était plus durable : «Trump a encore trois ans et demi en tant que président. Moi, je serai là pour encore quarante ans.»

Des trumpistes influents comme l’idéologue d’extrême droite Steve Bannon ont également demandé d’enquêter sur le statut migratoire d’Elon Musk – le quinquagénaire est né en Afrique du Sud –, sur son habilité à accéder à des informations confidentielles et sur sa consommation présumée de drogues.

«De très lourdes conséquences»

Malgré une accalmie apparente depuis vendredi, les deux hommes s’étant souhaité mutuellement «bonne chance», les invectives ont repris de plus belle samedi. Dans une interview accordée à la chaîne NBC, Donald Trump a menacé publiquement son ancien allié. Interrogé sur la possibilité que le richissime entrepreneur finance des candidats démocrates en campagne contre des élus républicains soutenant ce texte, Donald Trump a rétorqué : «s’il le fait, il devra en payer les conséquences». «Il devra faire face à de très lourdes conséquences», a-t-il ajouté, sans détailler la nature de ces potentielles répercussions. Les deux hommes semblent décidément bien loin d’un potentiel rabibochage.

Leur grande proximité au début de l’année avait causé du tort aux images de marques d’Elon Musk, les faisant dégringoler en bourse et déclenchant notamment des boycotts mondiaux sur ses voitures électriques.

Mais la menace de sanctions américaines pèse plus fortement encore. Ce mercredi matin, après les regrets évoqués par Elon Musk, les actions de Tesla à Francfort ont augmenté de 2,44 %. Une éventuelle réconciliation profiterait malgré tout aux deux hommes.

Mise à jour : à 21 h 38, avec l’ajout de la déclaration de la porte-parole de la Maison Blanche.