Son nom est assez logique. «Pola» veut dire bière en Colombie et «coca», est le diminutif de la feuille de coca, une plante sacrée pour les communautés indigènes. Coca Pola est donc une bière brassée par une petite entreprise communautaire indigène colombienne, qui se prend aujourd’hui les foudres du géant mondial Coca-Cola, très fâché de cette proximité de nom et, selon eux, de cette concurrence de marque.
L’affaire a été révélée mercredi par le quotidien colombien El Espectador, qui en a fait sa Une. La multinationale américaine menace les Indiens Nasa, installés dans le sud-ouest de la Colombie, s’ils ne changeaient pas immédiatement le nom de leur bière produite localement. Même pas peur, répond la communauté (en substance). «Nous irons aussi loin que Coca-Cola nous mènera. Nous danserons sur n’importe quel air qu’ils joueront. S’ils nous menacent de notre existence même, nous résisterons», explique David Curtidor, responsable juridique de Coca Nasa.
Selon une lettre rédigée par les avocats de Coca-Cola en Colombie, la marque a demandé à la communauté Nasa de «cesser et de s’abstenir définitivement d’utiliser le nom Coca Pola ou tout autre terme similaire». Motif invoqué «violation de la loi sur la concurrence déloyale». La bière a un nom «très similaire d’un point de vue orthographique et phonétique à la marque de mon client, ce qui pourrait générer une confusion sur le marché et constituer un avantage indu pour la réputation de TCCC (The Coca-Cola Company)», ajoute la lettre rédigée par le cabinet d’avocats Brigard Castro.
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Coca Pola est une bière produite par la société Coca Nasa, une entreprise indigène d’alimentations, de médicaments traditionnels, boissons aromatiques et autres produits fabriqués à partir de la feuille de coca, une plante sacrée pour les communautés indigènes et matière première de la cocaïne. Le pays d’Amérique du Sud est le premier producteur mondial de cette drogue. Produisant 7 000 bières par mois, Coca Pola existe depuis quatre ans et emploie environ une vingtaine de salariés.
La multinationale a adressé la lettre à Tierra de Indio, un distributeur de la boisson, et lui a donné dix jours ouvrables pour répondre à la demande. «Ils engageront probablement une action en justice mardi ou mercredi, c’est-à-dire à l’expiration du délai d’avertissement, selon leur propre promesse, à moins que nous ne cessions d’utiliser le terme Coca Pola, explique David Curtidor. Et comme nous n’allons pas cesser de l’utiliser, nous attendrons le procès et nous répondrons […] Cela peut paraître un peu grossier mais nous n’avons pas peur d’eux».