Un nouveau pas vers une «paix totale» en Colombie ? Le gouvernement et la principale dissidence de l’ancien groupe rebelle des Farc, qui avait repris les armes après la signature de l’accord de paix historique de 2016, ont annoncé de nouveaux pourparlers de paix dans un document officiel publié ce vendredi 9 février. Signé par les deux parties, ce texte en 11 points déclare le début d’un «processus de dialogues socio-politiques devant aboutir à la signature d’un accord de paix entre le gouvernement colombien et l’organisation rebelle armée Segunda Marquetalia», créée par son chef, Ivan Márquez, en 2019, après son retour à la clandestinité.
Les parties se sont également engagées à «développer immédiatement des accords préalables pour la désescalade du conflit et la mise en œuvre de transformations pour la construction sociale et environnementale du territoire», comprenant notamment la création de «zones de paix frontalières contribuant à stimuler les économies» locales et «garantissant les droits de la population en général et des peuples ethniques en particulier».
Six décennies de conflit armé interne
Cette annonce, survenue au moment où a lieu une visite officielle du Conseil de sécurité des Nations unies en Colombie, coïncide avec celle, quelques jours plus tôt, de la prolongation de six mois du cessez-le-feu entre le gouvernement colombien et les rebelles de l’Armée de libération nationale (ELN), une guérilla d’extrême gauche. Le tout s’inscrit dans une politique de «paix totale» menée par le Président depuis son élection en 2022, vivement critiquée par l’opposition. Gustavo Petro, premier homme de gauche à accéder au pouvoir dans l’histoire de la Colombie, lui-même ex-guérillero de M-19, s’est engagé à sortir le pays de six décennies de conflit armé interne ayant fait quelque 9,5 millions de victimes, dont plus de 450 000 morts. Le chef d’Etat négocie pour cela avec les principaux groupes armés.
Mais jusqu’à présent, la Segunda Marquetalia et ses quelque 1 663 membres, qui opèrent principalement dans la région frontalière entre la Colombie et le Venezuela, étaient restés à l’écart de ces discussions. Il y a cinq ans, le retour aux armes de son leader, Ivan Márquez, avait porté un coup sévère au processus de paix ayant permis à quelque 7 000 combattants des Farc de se réinsérer dans la vie civile. Le précédent gouvernement d’Iván Duque (2018-2022) avait alors offert des récompenses de 880 000 dollars (environ 816 000 euros) pour l’arrestation de chaque membre de la Segunda Marquetalia. Selon la presse, Ivan Márquez aurait été victime d’une tentative d’assassinat au Venezuela en 2022. En juillet 2023, les médias locaux avaient émis l’hypothèse qu’il était mort, une information démentie par le haut-commissaire colombien pour la paix de l’époque.
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Dans la déclaration commune, la Segunda Marquetalia a réitéré son engagement formulé en 2019 de «se dissocier complètement des enlèvements à des fins économiques». Des études indépendantes indiquent toutefois que l’aile dure de la dissidence est toujours en conflit avec d’autres ex-rebelles des Farc pour le contrôle d’itinéraires du trafic de drogue. Les forces de sécurité colombiennes affirment de leur côté qu’elle continue à se livrer à l’exploitation minière illégale.