Le sauvetage miraculeux laisse place à un âpre contentieux. Après leur découverte inespérée vendredi 9 juin dans la jungle de Colombie, c’est la question de l’attribution de leur tutelle qui se pose maintenant pour Leslie (13 ans), Soleini (9 ans), Tien Noriel (5 ans) et Cristin Neriman (1 an). Leur mère, Magdalena Mucutuy, est morte dans l’accident du petit avion qui a conduit les enfants à errer dans la jungle amazonienne pendant 40 jours.
Trois jours après leur sauvetage, en même temps qu’il soulignait le «processus de récupération satisfaisant» des jeunes rescapés, l’Institut colombien du bien-être familial (ICBF) annonçait lundi 12 juin avoir lancé une procédure administrative sur la restitution à des enfants à leur famille. Selon Adriana Velásquez, directrice adjointe de l’ICBF, les travaux sont déjà en cours pour organiser la première réunion. Avec une mission à l’ordre du jour : l’ouverture d’une enquête autour des allégations de maltraitance visant Manuel Miller Ranoque, le père des deux plus jeunes enfants.
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Selon plusieurs articles publiés dans la presse colombienne ces derniers jours, l’homme serait accusé d’abus sexuels à l’égard de ses enfants et de violences domestiques contre leur mère. Manuel Miller Ranoque n’a pas tardé à répondre, niant la véracité de ces accusations rendues publiques par des membres de la famille de la mère des quatre enfants. Pour se défendre, le père a assuré qu’il s’agissait d’une stratégie menée par la famille Mucutuy avec qui il serait en conflit. Une manœuvre visant, assure-t-il, à lui «retirer la garde des enfants» et à récupérer de «l’argent».
De son côté, grand-mère maternelle a fait savoir aux autorités qu’elle souhaitait obtenir la garde de ses quatre petits enfants.
L’Institut colombien du bien-être familial conservera la tutelle des enfants jusqu’à la résolution du différend familial. Et engouement médiatique oblige, les autorités tiennent à rester discrètes. «Nous ne pouvons pas révéler des informations qui, à ce stade du processus, relèvent de la seule responsabilité de l’autorité administrative, à savoir le médiateur de la famille», a soutenu l’ICBF.
«Perspective ethnique»
Les mineurs sont entourés d’une équipe psychosociale et d’un avocat, qui est leur défenseur, agissant en tant qu’autorité administrative, conformément au code de l’enfance du pays. Comme les quatre enfants appartiennent à un groupe ethnique colombien, l’Institut colombien du bien-être familial a rappelé que la démarche imposait une coordination interjuridictionnelle avec l’Opiac, l’autorité indigène du pays. Le but : mettre en place «un environnement qui permette de prendre les meilleures décisions administratives, mais qui tienne également compte d’une perspective ethnique et différentielle, qui récupère les us et coutumes, mais qui soit également en accord avec les traditions du peuple auquel appartiennent les enfants qui ont été secourus», a assuré Adriana Velásquez, la directrice adjointe.
De toute façon, les enfants sont encore hospitalisés, après avoir été retrouvés complètement dénutris et déshydratés suite à leur long séjour dans un des environnements les plus hostiles sur Terre. Même si leurs jours ne sont pas en danger, les deux sœurs aînées ont enregistré des «pics de fièvre» lundi, tandis que le plus jeune est «surveillé» en raison d’une «éventuelle contamination» alimentaire, a précisé à la radio locale W Radio la directrice de l’ICBF, Astrid Caceres.
Présentant «des cas cliniques différents», Leslie, Soleini, Tien Noriel et Cristin Neriman «ne quitteront pas tous en même temps l’hôpital militaire où ils sont traités aujourd’hui», a précisé l’Institut colombien du bien-être familial. «Ils sortiront probablement à des moments différents, […] dans trois ou quatre semaines».