Bruce Springsteen émerge de la foule rassemblée sur le parvis du mémorial, au sud de Manhattan. En costume cravate et la guitare à la main, le Boss, comme un humble communiant, chante I see you in my dreams («Je te vois dans mes rêves»), une chanson sur le deuil qui semble un instant écraser l’assistance, les familles des 2 977 victimes des attentats du 11 Septembre, autant que les trois chefs d’Etat présents avec leurs épouses au cœur de Ground Zéro.
Au même moment, à 500 kilomètres de là, à Shanksville, le bourg de Pennsylvanie près duquel s’est écrasé le quatrième avion détourné du 11 Septembre, une autre cérémonie, bien plus classique et convenue, honore l’héroïsme des passagers du vol 93, devant un public assis en rangs de chaises ; tandis qu’au Pentagone, Mark Milley, chef du commandement interarmées en grand uniforme, et Lloyd Austin, ministre de la Défense, évoquent au micro la résilience américaine et la lutte contre les «ennemis nazis, communistes, extrémistes de toutes sortes».
A New York, c’est tout autre chose. Bill et Hillary Clinton, Barack et Michelle Obama, Joe et Jill Biden, debout pour le symbole au milieu de dizaines d’élus de la ville, de l’Etat et de Washington, flanqués de Nancy Pelosi et Charles Schumer, leaders démocrates du Congrès, de Michael Bloomberg, ancien maire de la ville, semblent se perdre parmi les milli