Les Moais, colosses sacrés de pierre volcanique et attraction privilégiée des touristes, ne reconnaissent plus leur île, dont le littoral ne cesse de virer à l’ocre, couleur du sol érodé. «Vous voyez, sur toute cette zone, on ne dirait pas de la terre mais du café, pointe Estefanía Díaz Pate, employée de la Corporation nationale forestière (CONAF), depuis la falaise dégarnie de Poike, dans l’est de l’île. Tout est mort, pas une plante ne survit.»
Une centaine de mètres plus bas, les vagues s’écrasent, pulvérisées en embruns par les rochers acérés. La cinquantaine de bénévoles, tout juste débarquée des remorques de pick-up, n’a pas le temps d’apprécier la vue. Quelques centaines d’arbustes les attendent, prêts à être plantés dans un sol auparavant réhabilité. «Ce n’est pas difficile, il suffit de prendre un peu de terre et d’enterrer l’arbre, montre Uka, 14 ans, élève en filière agricole, venue avec sa classe du lycée technique. C’est très important de prendre soin de la nature car nous vivons ici et cet environnement, c’est notre maison.»
Au son de chants polynésiens, joués à la guitare par un musicien de l’île, les volontaires enterrent les plantes de quelques dizaines de centimètres de haut, préparées et sélectionnées par la CONAF. «Le ceibo a été choisi car il résiste à tous les climats et aux incendies», détaille Estefanía Díaz Pate. La responsable de la pépinière vante aussi l’enracinement