A défaut d’en avoir présidé la plus grande puissance, pourquoi ne pas sauver le monde ? Cette ambition pas mince, enracinée dans des engagements anciens mais pleinement endossée sur le tard, relie Al Gore et John Kerry, les deux malheureux candidats démocrates à la Maison Blanche tour à tour mis en échec par George W. Bush en 2000 et 2004, qui l’un et l’autre consacrent leur carrière tardive à s’escrimer sur le front de l’urgence climatique. Le premier dit avoir littéralement applaudi, voilà trois ans, lorsque Joe Biden a nommé le second au poste tout juste créé d’émissaire spécial chargé de la lutte contre le réchauffement climatique au sein de son administration – une sorte de super-diplomate au service du combat environnemental à la sauce américaine, suffisamment proche du Président depuis des décennies pour avoir son oreille chaque fois que nécessaire et une légitimité rare à s’exprimer partout en son nom.
«Il n’est pas là pour son ego, ni pour la reconnaissance, ni pour un quelconque tremplin ou objectif de développement personnel. Il est là pour essayer d’aider. Parce que l’aide est nécessaire. C’est le défi de notre époque», avait salué Gore, corécipiendaire (avec les scientifiques du Giec) du prix Nobel de la paix 2007 pour son mi