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Libération
«La montagne qui fume»

Coulée de lave au sommet du cratère, fumerolles grises, nuages de cendres : le Mexique à l’heure d’une éruption du Popocatepetl ?

Le «Popo» a connu plusieurs pics d’activité depuis son réveil en 1994 après environ 70 ans de léthargie. Cette fois, trois Etats ont été placés en état d’alerte depuis dimanche.

Le Popocatepetl le 24 mai 2023. Le volcan se situe à environ 70 kilomètres de Mexico. (Claudio Cruz/AFP)
Publié le 25/05/2023 à 8h14

Le Mexique sous la cendre ? Depuis ce week-end, les autorités mexicaines se préparent à une éventuelle éruption volcan Popocatepetl, situé à environ 70 km de la capitale. «La montagne qui fume», son nom en nahualt, connaît depuis vendredi un regain d’activité : rejet d’impressionnante coulée incandescente rouge au sommet du cratère, d’épaisses fumerolles grises ou blanches, de cendres et de gaz.

Le président Andres Manuel Lopez Obrador a répété mercredi 26 mai que «Don Goyo» (le surnom du volcan) se calmait, malgré l’impressionnante émission de cendres. Le dirigeant a reçu le gouverneur de Puebla, l’un des trois états placés en alerte où les autorités se préparent à d’éventuelles évacuations de la population.

Deuxième volcan le plus élevé du pays avec 5 452 mètres d’altitude, entré en activité en 1994, le Popocatepetl est surveillé en permanence en raison du risque que son activité fait peser sur les populations environnantes.

Le «Popo» a émis des fumerolles et des matières incandescentes dans la nuit de vendredi et jusqu’à tôt samedi matin.

Les deux aéroports de Mexico ont été fermés pendant quelques heures samedi et des dizaines de vols ont été annulées. Et dimanche, le niveau d’alerte a été relevé de la phase jaune 2 à la phase jaune 3 soit juste en dessous du plus haut niveau de dangerosité, rouge, qui compte lui-même deux phases.

«Les volcans ont une activité très capricieuse»

Des secousses ont été enregistrées, en raison des explosions dans les profondeurs du «Popo» qui a inspiré au romancier britannique Malcolm Lowry son mythique Au-dessous du volcan, après un séjour à Cuernavaca.

Les autorités ont mis en place une zone d’exclusion de 12 kilomètres autour du volcan adossé à l’Iztaccihuatl («la femme blanche»), une autre montagne qui entoure la vallée de Mexico. Les pouvoirs locaux ont aussi recommandé le port du masque, remisé au placard depuis la fin de la pandémie.

Les experts se penchent heure par heure sur la sismicité ainsi que sur la composition des matériaux qu’il rejette. «Les volcans ont une activité très capricieuse», estime le chercheur à l’Institut de Géophysique de l’Université nationale autonome du Mexique (UNAM), Juan Manuel Espindola, qui se veut rassurant. «Comme en d’autres occasions, il est très probable que l’activité diminue dans les prochains jours», d’après le chercheur.

Ce n’est pas la première fois que le volcan donne des sueurs froides aux habitants avec ses explosions et ses rejets d’un rouge intense ou ses panaches de fumée.

Le «Popo» a connu plusieurs pics d’activité depuis son réveil en 1994 après environ 70 ans de léthargie. En juin-juillet 1997, ses cendres avaient recouvert Mexico et sa région, provoquant des infections respiratoires.

En décembre 2000, face à une éruption, les autorités avaient demandé l’évacuation de 4 000 personnes qui refusaient de quitter leur domicile. Il n’y en a pas eu depuis.