Pendant plus de dix heures vendredi 30 août, le Venezuela a été plongé dans le noir. Une coupure généralisée d’électricité dans tout le pays, y compris à Caracas, la capitale, attribuée par le pouvoir à un «sabotage» et à une tentative de coup d’Etat, un mois après la réélection contestée de Nicolás Maduro.
«Urgent, à 4 h 50 aujourd’hui, […] il y a eu un sabotage électrique qui a touché presque tout le territoire national», avait annoncé vendredi matin le ministre de la communication vénézuélien, Freddy Nanez. Les 24 Etats du pays avaient signalé une perte totale ou partielle de l’approvisionnement en électricité, selon l’homme politique.
Dans la journée, le courant s’est finalement rétabli peu à peu dans le pays. L‘électricité est revenue par intermittence dans certaines parties de Caracas et des Etats de Tachira (sud-ouest) et de Merida (ouest). Des témoignages sur les réseaux sociaux faisaient état d’une normalisation dans d’autres régions du pays, tandis que des zones restaient encore sans courant.
«Nous sommes en train de normaliser, régulariser, pas à pas avec garanties, avec sécurité», a lancé Maduro à la télévision en soirée, sans toutefois donner de chiffres précis ni sur les coupures ni sur l’état de la récupération du réseau. «C’est une attaque pleine de vengeance, de haine, qui vient des courants fascistes […] prétendant être l’opposition politique», a-t-il dit, se disant persuadé qu’elle a été organisée depuis les «Etats-Unis». «Il s’agit d’une attaque contre Guri», village (sud-est) où se trouve la plus grande centrale l’hydroélectrique du pays, a-t-il affirmé.
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Manques d’investissement et coupures régulières
Ce black-out est survenu un mois après la présidentielle du 28 juillet qui a vu la réélection contestée du président Nicolás Maduro. Le pays connaît depuis une importante crise électorale, avec une victoire revendiquée par l’opposition.
En outre, le pays connaît régulièrement des petites coupures locales et délestages de courant mais pas de coupure généralisée dans le pays comme cela a été le cas vendredi. Des régions de l’ouest du pays comme Táchira et Zulia, autrefois capitale du pétrole, subissent des coupures d’électricité au quotidien.
Le Venezuela avait été traumatisé par une énorme coupure d’électricité généralisée de cinq jours en mars 2019 – et qui avait duré plus longtemps dans certaines régions. Le pouvoir attribue régulièrement ces pannes à des «attaques» orchestrées par les États-Unis et l’opposition pour le renverser.
Cependant, les leaders de l’opposition et de nombreux spécialistes, estiment qu’il s’agit du résultat de manques d’investissement et de mauvaises gestions de l’appareil industriel qui s’est détérioré avec la crise économique. Le pays a connu lors de dernière décennie une crise économique sans précédent avec une contraction du PIB de 80 %, que la timide reprise des deux dernières années n’a pas compensée. Quelque 7 millions de Vénézuéliens ont fui le pays.
Mise à jour : le 31 août à 11 h 10, avec les informations concernant un retour progressif à la normale.