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Trumperies du jour

Trump «pas pressé» de prendre le contrôle de Gaza, sanctions contre la CPI, pailles en plastique… l’actualité de la Maison Blanche ce vendredi 7 février

La rédaction de «Libération» récapitule les annonces faites par le président américain la veille, décalage horaire oblige.
Donald Trump, en reconquête du milieu sportif, sera le premier président en exercice à assister au Super Bowl, dimanche 9 février. (Timm Reichert/REUTERS)
publié le 7 février 2025 à 8h36
(mis à jour le 7 février 2025 à 19h42)

Condensé des principales mesures prises par Donald Trump et son administration, qui nous sont parvenues dans la nuit de ce vendredi 7 février.

Finalement, «prendre le contrôle» de Gaza n’est «absolument pas pressé»

Après avoir embrasé les chancelleries de la planète mardi en annonçant son intention de «prendre le contrôle» de Gaza à la fin des combats, en déplaçant les Palestiniens, forcé la Maison Blanche et son secrétaire d’Etat à faire baisser la température devant le tollé international, assuré que «tout le monde adorait son idée», Palestiniens compris, Donald Trump semble lui-même revenir sur ses pas. «Ce n’est absolument pas pressé», a-t-il assuré depuis la Maison Blanche vendredi soir.

Sanctions contre la Cour pénale internationale

Le président américain a signé jeudi un décret prévoyant des sanctions contre la Cour pénale internationale, accusée par le tribun d’avoir «engagé des actions illégales et sans fondement contre l’Amérique et notre proche allié Israël». Le texte, diffusé par la Maison Blanche, interdit l’entrée aux Etats-Unis aux dirigeants, employés et agents de la CPI ainsi qu’aux plus proches membres de leurs familles et à quiconque considéré comme ayant apporté son aide aux travaux d’enquête de la CPI. Le décret prévoit aussi de geler tous les avoirs détenus aux Etats-Unis par ces mêmes personnes. Les noms des individus visés n’ont pas été rendus publics dans l’immédiat. De précédentes sanctions prises par le gouvernement Trump en 2020 avaient visé Fatou Bensouda, alors procureure de la Cour. Selon le texte diffusé par la Maison Blanche, la CPI a «engagé des actions illégales et sans fondement contre l’Amérique et notre proche allié Israël», des références aux enquêtes de la CPI sur des crimes de guerre présumés de soldats américains en Afghanistan et de militaires israéliens dans la bande de Gaza.

L’USAid toujours plus dans le viseur…

Définancée pour quatre-vingt-dix jours à compter du 31 janvier, l’agence d’aide américaine pour le développement (USAid) est toujours plus ciblée par l’administration Trump. Après Elon Musk qui en avait réclamé la fin, c’est au tour du président de dire tout le bien qu’il penserait d’une cessation d’activité de l’agence. «Il faut la supprimer !» dit Trump à propos de l’Agence américaine pour le développement international. «La façon dont cet argent a été dépensé si frauduleusement est totalement inexplicable. Le niveau de corruption a atteint des niveaux rarement vus avant», a érupté le républicain sur son compte Truth Social.

… et le Japon aussi

Donald Trump n’a pas perdu du temps pour brandir la menace de droits de douane en recevant vendredi le Premier ministre japonais Shigeru Ishiba, qui espère toutefois dissuader le président américain de rudoyer le Japon autant que d’autres alliés traditionnels des Etats-Unis. Tout à son obsession de ramener «à l’équilibre» les échanges commerciaux entre les deux pays (les Etats-Unis présentent un déficit de 72 milliards dans les échanges avec le Japon), le républicain a fait comprendre qu’augmenter les droits de douane n’était pas exclu. «Je ne pense pas que j’aurai le moindre problème» à obtenir satisfaction, a assuré le président américain, assis aux côtés de Shigeru Ishiba dans le Bureau ovale. Les Etats-Unis et le Japon se sont vite réaccordés autour de leur ennemi commun : la Chine. Ils condamnent de concert les «activités provocatrices» de Pékin en mer de Chine méridional où elle revendique la quasi-totalité des îles et des récifs et déploie des navires et des garde-côtes pour empêcher les Philippines d’y accéder. Donald Trump a assuré vendredi que les Etats-Unis agiraient aux côtés du Japon pour lutter contre ce qu’il a qualifié d’«agressions économiques chinoises».

Suppression d’une unité du FBI

La ministre américaine de la Justice a supprimé, dès son premier jour en poste, une unité du FBI de lutte contre les ingérences étrangères dans les élections aux Etats-Unis, instaurée après les accusations d’implication russe en faveur de Donald Trump dans la présidentielle de 2016. «Afin de libérer des moyens pour des priorités plus urgentes, et de mettre fin aux risques de voir davantage d’instrumentalisations et d’abus des pouvoirs discrétionnaires des procureurs, la «Foreign Influence Task Force» est dissoute», écrit Pam Bondi dans une directive datée de mercredi. Dans une autre directive, la ministre annonce également la suppression de la «Task Force KleptoCapture». Mise en place par l’administration Biden en 2022 après le début de la guerre en Ukraine, elle ciblait les oligarques russes sujets à des sanctions américaines. La «Foreign Influence Task Force» du FBI avait été créée en 2017 dans le but «d’identifier et de contrer les opérations néfastes d’influence étrangères ciblant les Etats-Unis», selon sa déclaration de mission sur le site de la police fédérale.

Un ultimatum aux fonctionnaires suspendu par la justice

Accepter de démissionner ou pas ? L’ultimatum fixé aux plus de 2 millions de fonctionnaires fédéraux américains par la nouvelle administration de Donald Trump a été suspendu temporairement par la justice, à quelques heures de son échéance jeudi soir. Neuf jours. C’est le délai, très bref, qui leur avait été imparti pour faire leur choix : signer ou non la proposition de «démission différée» au 30 septembre, avec la promesse de garder d’ici là leur salaire et l’ensemble de leurs avantages sociaux, formulée à la surprise générale par le nouveau pouvoir américain. Mais un juge fédéral du Massachusetts a suspendu la date limite de ce vaste programme de départs, qui était fixée à 23 h 59 jeudi, et a programmé une nouvelle audience lundi, d’après le Washington Post. L’action en justice avait été lancée mardi par le principal syndicat de fonctionnaires fédéraux, l’AFGE, et d’autres organisations représentatives pour obtenir que le dispositif de «démission différée» soit bloqué et que le gouvernement «élabore des mesures qui respectent la loi plutôt qu’un ultimatum arbitraire, illégal, et trop bref».

Les sportives transgenres définitivement bannies des compétitions universitaires

La puissante organisation NCAA, qui régit aux Etats-Unis les compétitions universitaires, a annoncé jeudi interdire la participation des sportives transgenres, au lendemain d’un décret de Donald Trump en ce sens. La NCAA, dont les compétitions engendrent des milliards de dollars de revenus chaque année, n’autorise désormais que les personnes de sexe féminin à la naissance dans les compétitions féminines. Ainsi, une personne assignée femme à la naissance et qui a commencé un traitement hormonal (comme de la testostérone), ne pourra pas participer aux compétitions féminines, tout comme une personne assignée homme à la naissance, et qui aurait entamé une transition de genre féminisante. Une volte-face pour cette organisation qui défendait encore, en 2017, ses athlètes transgenres. Mais le décret de Donald Trump signé mercredi prévoyant de couper les subventions fédérales aux organisations qui permettraient à des élèves transgenres d’être membres d’équipes sportives féminines aura suffi à faire plier la NCAA. Plus d’un millier d’établissements de l’enseignement supérieur aux Etats-Unis sont membres de l’organisation, qui représente plus de 530 000 étudiants-athlètes. D’après le président de la NCAA, Charlie Baker, il n’y avait que dix athlètes transgenres dans l’organisation en 2024.

La fin des pailles en papier

Signe du dédain du président pour l’environnement jusque dans les moindres détails, les pailles en plastique vont faire leur retour. «Je vais signer un décret la semaine prochaine pour mettre fin à l’initiative ridicule de Biden pour les pailles en papier, qui ne fonctionnent pas. RETOUR AU PLASTIQUE !», a annoncé Trump sur Truth Social.

Auto-invitation au Super Bowl, une première pour un président en exercice

Donald Trump, en reconquête du milieu sportif, sera le premier président en exercice à assister, dimanche 9 février, au Super Bowl, finale de la ligue professionnelle de football américain NFL, qui aura lieu à La Nouvelle-Orléans et opposera les Kansas City Chiefs aux Eagles de Philadelphie. «Même s’il y va parce qu’il aime le football [américain], c’est un geste politique parce qu’en tant que président des Etats-Unis, tout ce qu’il fait est politique», estime Amy Bass, professeure d’études sportives à l’université Manhattanville. D’autant plus que Donald Trump a régulièrement accusé l’événement d’être trop progressiste. Grand amateur de sport, au point de posséder une équipe professionnelle de football américain au milieu des années 80, Donald Trump avait été froidement accueilli par le milieu lors de son premier mandat. Plusieurs équipes championnes avaient même rompu avec la tradition de la visite de la Maison Blanche pour manifester leur opposition à la politique du président, notamment les Eagles de Philadelphie, vainqueurs du Super Bowl en 2017. Mais à l’instar de l’élargissement de sa base électorale lors de la campagne présidentielle, le bouillant républicain a progressivement retrouvé un ancrage dans le sport l’an passé.

Mise à jour à 16h19 avec l’appel à fermer USAid et à revenir sur l’interdiction des pailles en plastique et à 19h41 avec les déclarations sur les droits de douane au Japon et la temporalité de la prise de contrôle de Gaza