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Drame

Crash à Washington : 67 morts et le monde du patinage artistique en deuil

Plusieurs personnalités du monde du patinage artistique, américaines ou russes, se trouvaient dans l’avion qui s’est crashé dans la nuit du mercredi 29 au jeudi 30 janvier à Washington, faisant 67 morts. Donald Trump a confirmé qu’il n’y avait pas de survivants puis a critiqué la trajectoire de l’hélicoptère qui a percuté l’avion, ses prédécesseurs Barack Obama et Joe Biden, ainsi que les politiques de diversité dans la sécurité aérienne.
Des secouristes procèdent à des fouilles dans le Potomac, où s'est crashé le vol commercial cette nuit. (Andrew Harnik/Getty Images via AFP)
publié le 30 janvier 2025 à 10h56
(mis à jour le 30 janvier 2025 à 21h23)

L’avion de la compagnie American Airlines venait de Wichita, au Kansas, où se déroulait une compétition nationale de patinage artistique. Il transportait 64 personnes et a été percuté par un hélicoptère militaire Black Hawk, avec trois membres d’équipage, peu avant 21 heures mercredi 29 janvier à Washington. L’avion et l’hélicoptère ont tous les deux terminé dans le Potomac, le fleuve qui traverse la capitale fédérale américaine. Durant de longues heures, les autorités se sont refusées à communiquer un bilan humain, jusqu’en milieu d’après-midi ce jeudi, quand le chef des pompiers de la ville, John Donnelly, a asséné : «A ce stade nous ne pensons pas qu’il y ait de survivants.»

«Vingt-sept corps de passagers de l’avion et un corps d’une personne se trouvant à bord de l’hélicoptère ont été retrouvés», a-t-il ajouté. «Nous en sommes maintenant au stade où nous passons d’une opération de sauvetage à une opération de récupération» des corps. Avec ce bilan potentiel de 67 morts, il s’agit de la pire catastrophe aérienne aux Etats-Unis depuis qu’un avion de la compagnie Colgan Air s’était écrasé en 2009 dans l’Etat de New York, faisant 49 victimes. Le crash convoque aussi le souvenir de l’accident, le 13 janvier 1982, d’un Boeing 737 d’Air Florida, qui avait percuté un pont enjambant le Potomac pendant une tempête de neige avant de s’abîmer dans le fleuve. L’accident avait fait 78 morts, dont quatre automobilistes qui se trouvaient sur le pont.

«Embrassez vos proches»

Alors que les secours cherchaient encore des survivants, plusieurs médias américains rapportaient que de nombreux membres de la communauté américaine de patinage artistique faisaient partie des personnes à bord. «Nous sommes effondrés après cette tragédie indicible et nous gardons les familles des victimes tout près de nos cœurs», déclarait dans la matinée l’US Figure Skating, la fédération américaine de patinage artistique. Plus tard, un porte-parole de la même instance refusait de donner le nombre précis d’athlètes, d’entraîneurs et de membres de la famille qui se trouvaient à bord. Rapidement, des figures du patinage artistique ont réagi sur les réseaux sociaux, exprimant leur inquiétude, puis leur peine. Le patineur Luke Wang, médaille d’argent aux derniers championnats du monde juniors, a ainsi déclaré qu’il «priait pour tous ceux qui se trouvaient à bord du vol», ajoutant que l’incident était «absolument déchirant». Ethan Peal, danseur sur glace de l’équipe américaine, s’est dit «en état de choc». «Je prie pour les familles et ma communauté de patineurs».

L’histoire compte un miraculé : Jon Maravilla, un patineur américain de 19 ans, devait monter dans le vol mais en a été empêché… à cause du poids trop important de son chien. L’athlète a publié plusieurs messages sur Instagram, d’abord pour râler contre la compagnie, puis pour expliquer qu’il ferait en voiture les 14 heures de route depuis le Kansas. «Quelle tragédie», a-t-il simplement commenté, sous le choc, auprès du New York Times, après avoir découvert la catastrophe. Et que son chien lui avait sauvé la vie.

Dans le même temps, des agences rapportaient la présence à bord de l’avion d’Evgenia Chichkova et de Vadim Naumov, un couple de patineurs russes champions du monde en 1994, devenus entraîneurs. Ils avaient mis fin à leur carrière en compétition et déménagé aux Etats-Unis à la fin des années 1990, selon l’agence russe Tass. Inna Volyanskaya, ancienne patineuse soviétique devenue entraîneure aux Etats-Unis, était également parmi les passagers, selon les agences Tass et Ria Novosti, citant là aussi une source anonyme. «D’autres de nos concitoyens s’y trouvaient aussi», a précisé le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, exprimant les condoléances de la Russie.

«Une trajectoire incroyablement mauvaise»

Le président américain Donald Trump, dans son style caractéristique, a pour sa part critiqué la «trajectoire incroyablement mauvaise» de l’hélicoptère impliqué dans le crash. «Il y a eu une convergence de mauvaises décisions qui ont été prises», a-t-il ajouté, confirmant dans le même temps qu’il n’y avait «pas de survivants». La collision aurait «absolument» pu être évitée, a également estimé Sean Duffy, le secrétaire aux Transports. Un responsable du Pentagone a précisé que trois militaires étaient à bord de l’hélicoptère pour «un vol d’entraînement», selon un message relayé sur les réseaux sociaux par le nouveau secrétaire à la Défense, Pete Hegseth. Une bande sonore des échanges dans la tour de contrôle permet d’entendre les contrôleurs demander plusieurs fois à l’hélicoptère s’il voyait l’avion, puis lui ordonner de «passer derrière» ce dernier. «J’ai juste vu une boule de feu et puis il a disparu», s’exclame ensuite un contrôleur.

Le président Trump s’en est ensuite pris à ses prédécesseurs démocrates, Joe Biden et Barack Obama, qu’il accuse d’avoir baissé les exigences en matière de sécurité aérienne. «J’ai donné la priorité à la sécurité. Obama et Biden et les démocrates ont mis la politique en premier», a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse à la Maison Blanche, s’en prenant aux programmes faisant la promotion de la diversité au sein de l’Agence fédérale de l’aviation américaine (FAA).

Un peu plus tard dans la soirée de ce jeudi, le New York Times a révélé le contenu d’un rapport de sécurité préliminaire interne de ladite FAA qui affirme que le personnel de la tour de contrôle de l’aéroport national Ronald-Reagan n’était pas assez nombreux «pour l’heure de la journée et le volume du trafic». Le contrôleur qui s’occupait des hélicoptères à l’aéroport mercredi soir donnait également des instructions aux avions qui atterrissaient et décollaient de ses pistes, des tâches généralement assurées par deux contrôleurs, pas un seul, explique le New York Times.

Cette tragédie rappelle d’autres crashs qui avaient concerné des équipes sportives : en 1949, les footballeurs du Torino FC mourraient dans une catastrophe aérienne sur la colline de Superga, aux alentours de Turin. En 1958, les Busby Babes de Manchester United se crashaient sur l’aéroport de Munich, causant la mort de 20 des 44 personnes à bord. Et en 1972, des rugbymen uruguayens s’écrasaient dans la cordillère des Andes, les rescapés devant attendre les secours durant 72 jours.

Mise à jour à 19 heures : récit complet ; à 21 h 22 avec les révélations du «New York Times».