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Libération
Répression

Crise au Venezuela : le président Nicolás Maduro suspend le réseau social X pendant dix jours

Le président vénézuélien, dont la réélection est contestée par l’opposition qui revendique la victoire, a annoncé ce jeudi 8 août que le réseau social était «retiré de la circulation» pendant dix jours.
«Personne ne me fera taire, je vais affronter l'espionnage de l'empire technologique [d'Elon Musk]», a déclaré le président Nicolás Maduro, le 8 août 2024. (Yuri Cortez/AFP)
publié le 9 août 2024 à 9h31

Un pas de plus franchi par Nicolás Maduro afin de réprimer la contestation contre sa réélection. Le président vénézuélien, dont la victoire lors du scrutin présidentiel du 28 juillet est jugée frauduleuse par l’opposition, a annoncé ce jeudi lors d’une manifestation en sa faveur à Caracas que le réseau social X (anciennement Twitter) était «retiré de la circulation». L’agence en charge des télécommunications a «décidé de retirer le réseau social X pendant dix jours», a ainsi annoncé Maduro, soulignant que c’était sur sa proposition.

«Dictature des réseaux sociaux»

«Personne ne me fera taire, je vais affronter l’espionnage de l’empire technologique. Elon Musk est le propriétaire de X et a violé toutes les règles du réseau social Twitter, devenu X, et les a violées en incitant à la haine et au fascisme», a poursuivi le chef d’Etat vénézuélien, qui accuse régulièrement le milliardaire américain de comploter contre lui. Il n’a toutefois pas précisé quelle forme prendra ce «retrait de la circulation», alors que les autorités vénézuéliennes – personnalités, ministères, agences gouvernementales – sont présentes sur les réseaux sociaux où elles communiquent abondamment.

Maduro et les autorités ont accusé à plusieurs reprises Elon Musk d’avoir participé à «l’attaque cybernétique massive» du Conseil national électoral (CNE), selon l’expression de la vice-présidente Delcy Rodriguez, qui a critiqué «la dictature des réseaux sociaux» cherchant «à remplacer la volonté populaire des gouvernements élus par leurs citoyens».

Piratage informatique

Le CNE avait en effet ratifié vendredi 2 août la victoire de Nicolás Maduro avec 52 % des voix sans toutefois rendre publics le décompte exact des voix et les procès-verbaux des bureaux de vote, assurant avoir été victime d’un piratage informatique. Selon l’opposition, qui a publié les procès-verbaux obtenus grâce à ses scrutateurs, Edmundo González Urrutia, qui avait remplacé au pied levé la cheffe de l’opposition María Corina Machado, déclarée inéligible, a remporté le scrutin avec 67 % des voix. L’opposition ainsi que de nombreux observateurs estiment que le piratage du CNE se révèle en réalité une invention du gouvernement pour ne pas avoir à publier les procès-verbaux des bureaux de vote.

Les troubles qui ont suivi la proclamation de la victoire du président sortant ont fait 24 morts depuis le 28 juillet, selon un bilan actualisé et rendu public ce mardi par des organisations de défense des droits humains, dont la division Amérique de Human Rights Watch (HRW).