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Libération
Déchaînement de violence

Crise en Haïti : les gangs prennent d’assaut la prison

Des prisonniers se sont évadés du pénitencier national de Port-au-Prince, après l’assaut de gangs armés ce samedi soir contre la principale prison haïtienne.
Scène de rue à Port-au-Prince, en Haïti, le 1er Mars 2024. (Ralph Tedy Erol/Reuters)
publié le 3 mars 2024 à 12h42

Elle était «épiée depuis jeudi via drone», selon quotidien haïtien le Nouvelliste. La prison de Port-au-Prince a été attaquée samedi 2 mars dans la soirée. «Des bandits ont pris d’assaut le pénitencier national de Port-au-Prince et ont permis l’évasion d’un certain nombre de détenus», relate dans un communiqué, l’ambassade de France dans la capitale haïtienne, invitant les habitants à rester «prudents» et à s’abstenir de se «déplacer».

Dans un message en créole poste sur X (ex-twitter), le Syndicat de la police nationale d’Haïti SNPH_17 a exhorté tous les policiers et les militaires ayant des voitures, des armes et des munitions à venir en renfort à la prison. Parmi «un nombre important de prisonniers libérés» par les assaillants armés, figurent «d’importants membres de gangs très puissants», rapporte la Gazette d’Haïti. Plusieurs prisonniers de droit commun, des chefs de gangs connus et des inculpés dans l’assassinat du président Jovenel Moïse en juillet 2021 étaient incarcérés dans cet établissement pénitentiaire, situé à quelques centaines de mètres du palais national, ajoute le Nouvelliste. Pas de précisions en revanche sur le nombre ou le profil des détenus évadés.

Au moins quatre policiers ont été tués depuis ce jeudi et des dizaines de personnes ont été blessées. Depuis l’assassinat du président Jovenel Moïse, Haïti fait face à une grave crise politique, sécuritaire et humanitaire. Des gangs armés ont pris le contrôle de pans entiers du pays et le nombre d’homicides a plus que doublé en 2023. Au pouvoir depuis 2021, le Premier Ministre Ariel Henry aurait dû quitter ses fonctions début février. Toujours selon le Nouvelliste, il serait actuellement absent de la capitale.

Les violences de cette semaine visent à contraindre par la force le Premier Ministre à quitter le pouvoir. Les gangs, réunis sous le label «Vivre ensemble», mènent des attaques coordonnées dans la capitale. Ils visent notamment des sites stratégiques comme la prison civile, l’aéroport international et des bâtiments de police. Dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux avant les attaques, le puissant chef de gang, Jimmy Cherisier alias «Barbecue», affirmait que «tous les groupes armés vont agir pour obtenir le départ du Premier ministre Ariel Henry». «Nous allons utiliser toutes les stratégies pour aboutir à cet objectif. Nous revendiquons tout ce qui se passe dans les rues en ce moment», a-t-il ajouté. Ces attaques du 29 février coïncident avec le 20e anniversaire du coup d’Etat qui avait chassé le président Jean-Bertrand Aristide du pouvoir.