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Libération
Siège éjectable

Crise politique au Pérou : le Premier ministre, menacé de censure, annonce sa «démission irrévocable»

Face à l’absence de résultats contre la grande criminalité, des parlementaires de gauche comme de droite avaient réclamé l’éviction du proche allié de la présidente Dina Boluarte.
Le Premier ministre péruvien, Gustavo Adrianzén, à Paris le 10 février 2025. (Thomas Samson/AFP)
publié le 14 mai 2025 à 12h57

Enième épisode de trouble politique au Pérou. En poste depuis mars 2024, le Premier ministre, Gustavo Adrianzén, a présenté sa «démission irrévocable» à la présidente, Dina Boluarte, ainsi qu’aux ministres, d’après les images diffusées depuis le siège du gouvernement. Un peu plus tôt, son bureau avait pourtant démenti les rumeurs qui allaient en ce sens. Son départ intervient avant une nouvelle journée de manifestations contre la mal-aimée cheffe de l’Etat – elle est créditée d’un taux de popularité historiquement bas, à 2 % –, alors que les organisations criminelles du pays multiplient les campagnes d’extorsions.

Des parlementaires de gauche comme de droite réclamaient l’éviction de ce proche allié de la Présidente face à l’absence de résultats de la politique gouvernementale menée pour lutter contre la grande criminalité. Et ce malgré le déploiement de l’armée en soutien de la police dans les rues.

Pire période d’instabilité

Dina Boluarte, qui n’a pas de parti, gouverne grâce au soutien d’une coalition de droite détenant la majorité au Parlement. Quelques heures avant la démission de Gustavo Adrianzén – son troisième Premier ministre en moins de trois ans –, la dirigeante avait par surprise remplacé ses ministres de l’Intérieur, de l’Economie et des Transports.

Le Pérou traverse la pire période d’instabilité politique de son histoire moderne, avec six présidents en près de neuf ans. La Présidente est arrivée au pouvoir début décembre 2022 après la destitution de Pedro Castillo, dans un contexte de manifestations violemment réprimées, avec au moins 50 morts.

Son mandat est parasité par plusieurs affaires, dont le «Rolexgate», portant sur des montres et bijoux qu’elle n’aurait pas déclarés. Elle a également gardé secrète une rhinoplastie subie en juillet 2023, alors que la loi l’obligeait à en informer le Parlement.

La Constitution péruvienne exige également que la Présidente obtienne l’autorisation du Congrès pour sortir du territoire. Avec le départ de son Premier ministre, réclamé par les parlementaires, Dina Boluarte espère pouvoir assister dimanche à la messe inaugurale du pontificat du nouveau pape, Léon XIV, qui possède la nationalité péruvienne.