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Magouilles

Cryptomonnaies, transactions immobilières... Pendant sa présidence, Donald Trump s’enrichit à grands coups de centaines de millions

Le chef d’Etat américain tire des profits sonnants et trébuchants de son exercice du pouvoir sans éveiller aucune protestation, note le «New York Times».
Un Boeing 747 sur le tarmac de l'aéroport international de Palm Beach après que le président américain Donald Trump l'ai visité le 15 février 2025. (Roberto Schmidt /AFP)
publié le 26 mai 2025 à 19h34

Peter Baker est «époustouflé». Le correspondant à la Maison Blanche du New York Times a analysé l’ensemble des gains de l’empire Trump depuis l’accession de Donald à la présidence du 20 janvier. «La famille Trump et ses partenaires commerciaux ont perçu 320 millions de dollars de commissions sur une nouvelle crypto-monnaie, ont négocié des transactions immobilières à l’étranger d’une valeur de plusieurs milliards de dollars et sont en train d’ouvrir un club exclusif à Washington, l’Executive Branch, auquel chacun peut adhérer moyennant 500 000 dollars, et ce rien qu’au cours des derniers mois», liste-t-il. Une monétisation de la fonction présidentielle supérieure à ce qu’ont pu faire tous les prédécesseurs du président, selon Peter Baker. Le tout sans provoquer d’esclandre à grande échelle.

Inquiétude y compris chez les conservateurs

Le sujet a - un peu - percé médiatiquement à deux occasions. Lorsque le Qatar a offert, début mai, un Boeing 747-8 Jumbo, estimé à plusieurs centaines de millions de dollars, pour l’usage officiel du président américain. Un cadeau qui dépasse la valeur cumulée de l’ensemble des présents reçus par tous les présidents précédents, selon l’auteur. L’avion n’était qu’un élément des transactions commerciales menées par Trump lors de sa tournée au Proche Orient. Une tournée qui a fait tiquer même des commentateurs conservateurs américains, selon l’article du New York Times. «Ces affaires m’inquiètent», a lancé Shawn Ryan, un influenceur droitier, lors d’un podcast avec l’ancien animateur de Fox News, Tucker Carlson. «Eh bien, cela ressemble à de la corruption, oui», a admis ce dernier, grand thuriféraire du trumpisme.

Au Qatar, le fils du président a justifié ce mercantilisme effréné par les critiques émises contre le clan lors du premier mandat alors même qu’il tentait de se réfréner sur le sujet. «Ils attaqueront quoi qu’il arrive. Nous allons donc jouer le jeu», a théorisé Donald Trump junior, selon Peter Baker.

La famille présidentielle est aussi critiquée pour être devenue, trois jours avant son investiture, un véritable opérateur de cryptomonnaies en lançant ses propres «meme coins» nommés $TRUMP et $MELANIA, dont les cours ont quadruplé dans les jours suivant son entrée à la Maison Blanche, avant de chuter de 90 % dès la mi-février.

Plus d’un milliard de dollars de gains en un an

Selon le NYT, l’un des principaux acquéreurs de ces meme coins est un milliardaire chinois, Justin Sun, qui a acheté pour 40 millions de dollars de $TRUMP. Parallèlement, l’administration américaine a suspendu les poursuites pour fraudes en cours à son égard. Donald Trump a placé plusieurs personnes en conflit d’intérêts aux manettes de l’Etat le plus puissant du monde. Il a nommé un proche collaborateur d’Elon Musk (qui fabrique des fusées) au poste d’administrateur de l’agence spatiale, la Nasa. «Le procureur général Pam Bondi, qui a précédemment travaillé comme lobbyiste pour le Qatar, a signé la légalité du cadeau aérien du Qatar», précise également Peter Baker.

Et ça marche. Selon Forbes, la valeur nette de Donald Trump était estimée à 5,1 milliards de dollars en mars, soit 1,2 milliard de dollars de plus que l’année précédente. L’absence d’opposition illustre deux concepts au cœur du trumpisme. «L’inondation de la zone», théorisée par Steve Bannon, et qui consiste à saturer l’espace médiatique d’annonces toutes plus outrancières les unes que les autres. Le culte du chef, enfin. En 2016, Donald Trump déclarait lors d’un meeting : «Je pourrais tirer sur quelqu’un dans la rue sans perdre un seul vote». Sans aller jusque-là, l’impunité reste de mise. Le NYT a fait réagir Michael Johnston, professeur émérite à l’université de Colgate et auteur de nombreux ouvrages sur la corruption aux Etats-Unis. «Cela fait 50 ans que j’observe et que j’écris sur la corruption, et j’ai encore la tête qui tourne», confie-t-il. Nous aussi.