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Libération
Catastrophe imminente

Un ouragan se dirige sur Cuba, après deux nuits sans électricité

Baptisé Oscar, l’ouragan doit frapper le territoire caribéen ce dimanche 20 octobre. La population, déjà affectée par une crise économique d’ampleur, fait aussi face à une panne géante et totale d’électricité depuis vendredi.
Des habitants de la Havane passent le temps samedi 19 octobre alors qu'une panne d'électricité causée par la défaillance d'une grande centrale électrique affecte l'ensemble de Cuba. (Ramon Espinosa/AP)
publié le 20 octobre 2024 à 10h49

Plongée dans le noir depuis deux jours, Cuba va aussi devoir faire face à un déchaînement de vents de 139 km/h accompagné de pluies violentes. Un ouragan, baptisé Oscar, doit frapper l’île ce dimanche 20 octobre, alors que ses quelque 10 millions d’habitants subissent déjà, depuis vendredi, une panne géante d’électricité liée à l’arrêt de la principale centrale thermique du pays, à Matanzas (ouest). Ce à quoi s’ajoutent pénuries de nourriture, de médicaments, et une inflation galopante. Ce territoire des Caraïbes vit sa pire crise depuis trente ans.

L’ouragan Oscar devrait atteindre l’est de Cuba dans la journée, selon le Centre national des ouragans (NHC) américain. Les autorités locales de cette partie de l’île «travaillent déjà d’arrache-pied pour protéger la population et les ressources économiques, compte tenu de l’imminence de l’ouragan Oscar», assure le président Miguel Díaz-Canel dans un message publié samedi soir sur le réseau social X.

«Urgence énergétique»

Dans un autre message sur X, la présidence cubaine fait état d’un début de progrès dans le rétablissement du système électrique : «16 % des consommateurs ont déjà de l’électricité et environ 500 mégawatts sont en train d’être générés. Le système continuera à augmenter sa charge dans les prochaines heures.» Bien loin des 3 300 mégawatts consommés par la population jeudi, à la veille de la panne géante. Samedi soir, la plupart des quartiers de La Havane se trouvaient dans le noir. A l’exception des hôtels et des hôpitaux équipés de générateurs d’urgence et des quelques rares maisons privées qui disposent de ce type d’équipement.

Jeudi, déjà, le président cubain avait annoncé que l’île se trouvait en situation d’ «urgence énergétique» face aux difficultés pour acheter le combustible nécessaire à l’alimentation de ses centrales, à cause du renforcement de l’embargo que Washington impose à l’île depuis 1962. A Cuba, l’électricité est produite par huit centrales thermoélectriques vétustes, parfois en panne ou en cours de maintenance, ainsi que par plusieurs centrales flottantes - que le gouvernement loue à des entreprises turques - et des groupes électrogènes. La plupart de ces infrastructures ont besoin de carburant pour fonctionner.

Et, depuis trois mois, les Cubains pâtissent de coupures de courant de plus en plus fréquentes. Ainsi, ces dernières semaines, les coupures ont duré plus de 20 heures par jour dans plusieurs provinces. Le déficit énergétique national atteignait 30 %. Il s’était hissé à 50 % jeudi.

Vendredi soir, Miguel Díaz-Canel a tenu une réunion de supervision où il a promis qu’il n’y aurait pas de repos pour les services de l’Etat tant que l’électricité ne serait pas rétablie dans son intégralité sur l’île. Il faut dire que l’enjeu est aussi politique : les pannes d’électricité ont été l’un des éléments déclencheurs des manifestations historiques du 11 juillet 2021.

En septembre 2022, l’île avait déjà connu un «blackout» généralisé après le passage de l’ouragan Ian qui l’avait frappée à l’ouest. Le rétablissement complet de l’électricité avait pris plusieurs jours dans la capitale ; plusieurs semaines sur l’ensemble du territoire.