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Libération
Reportage

Dans le Cochabamba, bastion radical de l’ancien président bolivien Evo Morales : «Avec lui, tout allait bien, il y avait du travail»

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Dans le centre de la Bolivie, le soutien à l’ex-président (2006-2019) est indéfectible. Beaucoup attendent que le leader du Mouvement vers le socialisme redevienne chef de l’Etat pour mettre fin au marasme économique.
L'ex-président Evo Morales (2006-2019), orné de guirlandes de fleurs et de feuilles de coca, lors d'un rassemblement pour marquer le 28e anniversaire du parti au pouvoir, le Mouvement pour le socialisme (MAS), à Ivirgarzama, dans la région de Cochabamba, le 26 mars 2023. (Aizar Raldes/AFP)
par Nils Sabin, envoyé spécial à Cochabamba
publié le 20 juillet 2024 à 15h15

L’odeur ne trompe pas. Avant même de voir les montagnes de feuilles entassées dans le marché de Chimoré, au cœur de la région de Cochabamba, on sait au nez qu’ici, la spécialité, c’est la coca. Les travailleurs la transvasent dans de grands sacs en plastique rose. Les vendeuses, elles, en gardent quelques feuilles dans de petites poches vertes pour leur consommation personnelle : elles en mâchent à longueur de journée. «Toute la coca ici va être envoyée près de la ville de Cochabamba, avant d’être répartie dans tout le pays», assure Liseth Agrada Quiroz, l’administratrice du marché.

Dans cette région, il est une autre spécialité qui fait l’unanimité : les noms d’oiseaux contre l’actuel président, Luis Arce, pourtant issu du Mouvement au socialisme (MAS), le parti d’Evo Morales, qui vit et règne ici en véritable légende. «Avec ce gouvernement, il n’y a plus d’argent, plus de carburant, certains arrêtent même de produire de la coca, car ce n’est plus rentable», peste Cecilia Salazar Vargas, 64 ans dont cinquante passés à produire la feuille.

Pour les cocaleros, Luis Arce essaie de diaboliser Morales – devenu son rival comme candidat du parti à la présidentielle de 2025 – en donnant au fief de l’ex-président l’image d’une plaque tournante de la cocaïne, produite à partir de la fameuse feuille. «On l’a mis au pouvoir et maintenan