Dans la nuit de vendredi à samedi, Melissa Hortman, représentante démocrate au Congrès du Minnesota, et son mari ont été tués à leur domicile de Brooklyn Park, une banlieue de Minneapolis, par un homme déguisé en policier. A une quinzaine de kilomètres de là, un élu du Sénat de l’Etat, John Hoffman, lui aussi démocrate, et son épouse ont également été blessés par le même individu, toujours en fuite. Melissa Hortman s’était notamment fait connaître pour son travail en faveur d’une restriction de la circulation des armes à feu. Elle était proche de l’ancien colistier de Kamala Harris, Tim Walz, originaire du même Etat.
Un suspect, Vance Luther Boelter, 57 ans, a rapidement été identifié. Dans sa voiture, les enquêteurs ont découvert des éléments laissant peu de doute sur la préméditation : une liste d’environ 70 potentielles cibles, incluant des élus démocrates du Minnesota dont Tim Walz, et des professionnels de santé, tous engagés en faveur du droit à l’avortement. Ils ont également trouvé des tracts mentionnant les manifestations d’ampleur organisées samedi contre Donald Trump.
«La violence politique est un fléau»
Cette tragédie s’ajoute à une série déjà longue et inquiétante d’actes de violence politique aux Etats-Unis. Pour la seule année écoulée, on recense deux tentatives d’assassinat contre Donald Trump, le meurtre de deux employés de l’ambassade israélienne à Washington, l’attaque dans le Colorado d’une manifestation appelant à la libération des otages retenus à Gaza, ou encore l’incendie criminel de la résidence officielle du gouverneur démocrate de Pennsylvanie. «La violence politique est un fléau, a mis en garde samedi le secrétaire d’Etat du Minnesota, Steve Simon. Et malheureusement, elle est en hausse. Je tiens à être très clair : nous avons eu récemment des exemples des deux côtés du spectre politique.»
Alors que le nombre de cas de menaces signalées contre les membres du Congrès a plus que doublé au cours des sept dernières années, le politologue Steve Levitsky, interrogé par le média américain Politico, attribue une part de la responsabilité à Donald Trump : «Ce n’est pas sorcier. Vous cautionnez l’insurrection du 6 Janvier [l’attaque de 2021 contre le Capitole par des militants pro-Trump, ndlr]. Vous graciez tous les participants, ou quasiment tous, y compris ceux qui ont physiquement agressé des policiers, et vous les traitez en héros. Vous avez créé un climat qui ne se contente pas de tolérer la violence politique : il l’encourage.»
Messages de condoléances
Les menaces de violence, voire de meurtre, à l’encontre d’élus ont explosé aux Etats-Unis et ont plus que doublé depuis 2017, selon les données recueillies par la police du Capitole. Un niveau qui rappelle celui des années 1960 et 1970, période marquée par l’assassinat de Martin Luther King, JFK, Malcolm X et Robert Kennedy.
Depuis samedi, les messages de condoléances et de soutien d’élus américains affluent sur les réseaux sociaux. «Ma famille et moi connaissons trop bien l’horreur d’une fusillade ciblée, écrit l’ancienne élue démocrate Gabby Giffords, blessée par balle en 2011. Une attaque contre des élus est une attaque contre la démocratie américaine elle-même.»