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Libération
Reportage en Argentine

Dans les bidonvilles de Buenos Aires, la popularité de Javier Milei, le Bolsonaro argentin qui veut «décapiter l’Etat à la tronçonneuse»

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Le député ultralibéral est en position de favori de la présidentielle du 22 octobre. Il a su séduire les pauvres et les jeunes, mus par un même ras-le-bol de la classe politique et de la crise économique, et la tentation de l’individualisme et d’une certaine brutalité politique.
Javier Milei en campagne à Buenos Aires le 5 septembre 2023, en vue des élections du 22 octobre. ( Esteban Osorio/SPUS.ABACA)
par Mathilde Guillaume, Correspondante à Buenos Aires
publié le 2 octobre 2023 à 22h11
(mis à jour le 21 octobre 2023 à 11h59)

«Dans le quartier, on vit déjà sous le règne de l’ultralibéralisme !» Hector Espinoza, la fin de vingtaine pleine de vitalité, file comme quelqu’un qui sait où il va dans l’entrelacs de ruelles biscornues de la Villa 31. C’est l’un des plus grands bidonvilles de Buenos Aires : une ruche de 72 hectares de constructions en parpaings rouges qui abritent 40 000 personnes et jouxte les quartiers les plus chics de la capitale. Ici, comme dans tous les bidonvilles de Buenos Aires, Javier Milei, le candidat d’ultra-droite à la présidentielle, est arrivé en tête aux élections primaires d’août.

Tiré à quatre épingles, les cheveux noir de jais gominés, Hector Espinoza slalome entre les piétons, esquive un triporteur chargé de bidons d’eau, manque de trébucher sur la machine à coudre d’un cordonnier installé sur la chaussée. C’est le discours hypercapitaliste de Milei qui l’a séduit. Le «Bolsonaro argentin» propose de «décapiter l’Etat à la tronçonneuse» : sur les dix-huit ministères actuels, il n’en conserverait que huit. Culture, environnement, science et technologie, transports, santé, affaires sociales : «Dehors !» La