«Dans le quartier, on vit déjà sous le règne de l’ultralibéralisme !» Hector Espinoza, la fin de vingtaine pleine de vitalité, file comme quelqu’un qui sait où il va dans l’entrelacs de ruelles biscornues de la Villa 31. C’est l’un des plus grands bidonvilles de Buenos Aires : une ruche de 72 hectares de constructions en parpaings rouges qui abritent 40 000 personnes et jouxte les quartiers les plus chics de la capitale. Ici, comme dans tous les bidonvilles de Buenos Aires, Javier Milei, le candidat d’ultra-droite à la présidentielle, est arrivé en tête aux élections primaires d’août.
Tiré à quatre épingles, les cheveux noir de jais gominés, Hector Espinoza slalome entre les piétons, esquive un triporteur chargé de bidons d’eau, manque de trébucher sur la machine à coudre d’un cordonnier installé sur la chaussée. C’est le discours hypercapitaliste de Milei qui l’a séduit. Le «Bolsonaro argentin» propose de «décapiter l’Etat à la tronçonneuse» : sur les dix-huit ministères actuels, il n’en conserverait que huit. Culture, environnement, science et technologie, transports, santé, affaires sociales : «Dehors !» La