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Libération
Reportage

Dans les cartels mexicains, des recrues enrôlées de force et sacrifiées

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La découverte d’os calcinés dans un camp près de Guadalajara a mis en lumière les méthodes des narcos qui piègent de très jeunes hommes, souvent envoyés à la mort après un entraînement éreintant. Face à l’inaction de l’Etat, des parents de disparus mènent l’enquête.
Des membres du collectif Guerreros Buscadores qui travaillent dans des crématoriums pour retrouver des proches disparus, à Teuchitlan, au Mexique, le 5 mars 2025. (Ulises Ruiz /AFP)
par Diego Calmard, envoyé spécial à Guadalajara (Mexique)
publié le 17 juin 2025 à 20h04

La peine accable Veronica Cruz. Robert, son fils de 16 ans, est parti pour Guadalajara, dans l’Etat de Jalisco, où il avait trouvé une offre de travail. Mais le jeune Mexicain n’est jamais revenu. C’était en mars 2024. Sa mère, inquiète, lui a fait un signe de croix sur le front en priant pour que Dieu l’accompagne. Mais après un mois, plus de nouvelles. En avril, Veronica fait une déposition pour disparition. Son fils appelle enfin : «Il était en pleurs, il disait qu’il travaillait comme sicario (tueur à gages) pour le cartel et qu’on venait de tuer l’un de ses amis, qu’il voulait rentrer à la maison», sanglote Veronica. Les jours passent.

Au même moment, un bruit court au Mexique : des jeunes seraient enrôlés par les cartels avec de fausses annonces de boulot. Ces recrutements forcés, la plupart liés au narcotrafic, expliquent en partie l’explosion des disparitions au Mexique, passées de 80 000 début 2020 à 127 000 en 2024. Avec 15 000 disparus, le Jalisco est l’Etat qui compte le plus grand nombre de disparitions. A Guadalajara, la deuxième ville du pays, les rues sont