«Ah oui, le 11 Septembre…» Avec un soupir embarrassé, cette enseignante new-yorkaise avoue n’avoir «jamais abordé le sujet» devant ses élèves de 7 ou 8 ans. L’attaque des tours jumelles a bien marqué un tournant dans l’histoire de la ville, mais elle a aussi le défaut d’avoir eu lieu en pleine semaine de rentrée des classes. A chaque commémoration depuis vingt ans, les profs constatent que rien n’est prévu au programme des écoles primaires de l’Etat de New York. «A cette date, nous ne connaissons pas encore assez ces nouveaux enfants, leur sensibilité, leur histoire personnelle, les implications de ce drame pour leurs vies et le quotidien de leurs familles», confie-t-elle.
Dans le doute, beaucoup de ses collègues «bottent en touche». L’une d’elles reconnaît que lorsqu’un enfant aborde le sujet, elle entame brièvement la conversation avant de «remettre le convoi sur les rails» et de revenir prudemment au programme du jour. «Sans directives pédagogiques, cela peut être très traumatique pour des enfants de cet âge, constate Molly Mackaman, enseignante à New York. Le sujet leur paraît aussi difficile et complexe que l’éducation sexuelle, qui elle, au moins est enseignée sous la rassurante bannière de la Santé et fait l’objet d’une formation spéciale des profs.»
Clivages
Dans les lycées, le 11 septembre 2001 figure pourtant bien dans les livres d’histoire, accompagné de mentions de Oussama Ben Laden et des deux guerres connexes, celle d’Afgha