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Dans «The Late Show», Kamala Harris dit faire une «pause» dans sa carrière politique et déplore «la capitulation» face à Donald Trump

Invitée de Stephen Colbert jeudi 31 juillet, l’ex-candidate démocrate à l’élection présidentielle américaine a confirmé qu’elle n’allait pas se présenter au poste de gouverneur de Californie.
Kamala Harris et Stephen Colbert sur le plateau de «The Late Show», jeudi 31 juillet 2025 à New York. (DR)
publié le 1er août 2025 à 17h15

Jeudi 31 juillet au soir, sur CBS, The Late Show avait des allures de baroud d’honneur. Autant pour son animateur que pour son invitée. Assise face au bureau du présentateur, Stephen Colbert, en sursis forcé après la décision polémique de la chaîne américaine d’arrêter la diffusion de son émission en 2026, l’ancienne vice-présidente et candidate malheureuse à la présidentielle a donné sa première interview depuis son départ de la Maison Blanche le 20 janvier.

Face à un public new-yorkais sans surprise acquis à la cause démocrate et pas avare sur les applaudissements, l’ancienne vice-présidente des Etats-Unis est revenue sur sa campagne expresse, entamée il y a un an face à Donald Trump. Et sur sa défaite. Kamala Harris assure qu’elle a coupé avec l’actualité durant «plusieurs mois» après avoir quitté ses fonctions. «Je ne pratique pas l’automutilation», a-t-elle plaisanté pour justifier son choix, préférant regarder la télévision et se détendre devant des «émissions culinaires» que de suivre le naufrage de la politique américaine.

Sept mois après le retour de son rival Trump au pouvoir, son constat reste amer. Kamala Harris juge que le système politique américain est «brisé» et annonce s’en éloigner pour un temps : «Je veux parcourir le pays, je veux écouter les gens, je veux leur parler, mais je ne veux pas que ce soit en échange de quelque chose ou d’un vote.»

La veille, mercredi 30 juillet, l’ancienne procureure générale et sénatrice de Californie avait fait savoir dans un communiqué qu’elle ne serait pas candidate au poste de gouverneur du Golden State. En janvier, elle était revenue s’installer en Californie et avait pourtant envisagé un temps se lancer dans la course. Cette mise en retrait n’est pas pour autant le signe d’un abandon complet de la vie politique et n’exclut en rien une nouvelle candidature au poste suprême en 2028, analyse la presse américaine.

«107 Jours»

Sur le plateau du Late Show, Kamala Harris a également donné quelques détails sur le contenu de son livre à paraître en septembre. Intitulé 107 Days («107 jours»), l’ouvrage relate «les coulisses» de sa campagne présidentielle et de sa défaite face au magnat de l’immobilier républicain. Accroché au fauteuil de candidat malgré les inquiétudes autour de sa santé, le président Joe Biden n’a renoncé à concourir que le 21 juillet 2024, ne laissant que quatre mois à Kamala Harris pour défendre le ticket démocrate.

Quatre mois pendant lesquels Kamala Harris n’a cessé d’alerter sur le danger que représenterait le retour au pouvoir de Donald Trump. Et depuis janvier, le président élu détricote méticuleusement les mesures sociales prises sous l’ère Biden. «Vous avez prévenu tout le monde sur ce que serait le futur avec ce président. «Il engagera des poursuites judiciaires contre ses ennemis, il rabotera les lois Medicaid et Medicare, il ignorera les ordonnances du tribunal, il éloignera nos alliés, il décrétera d’importantes coupes budgétaires en faveur des plus riches», liste alors l’animateur Stephen Colbert. «Je sais que vous n’êtes pas venue ici pour nous dire «je vous l’avais bien dit», mais n’aimeriez-vous pas quand même nous le dire ?» demande-t-il à l’ancienne vice-présidente.

Tête penchée sur le côté et laissant passer une vague d’applaudissements, Kamala Harris reste sérieuse et grave. Les mains croisées, elle répond : «Vous avez raison, j’avais prévu un certain nombre de choses. Mais ce que je n’avais pas prévu, c’est la capitulation. Je ne l’ai pas vu venir. C’est peut-être naïf de ma part… Il devrait y avoir beaucoup de gens qui se considèrent comme les gardiens de notre système et de notre démocratie et qui ont finalement capitulé.»

«Je ne souhaite pas réintégrer ce système»

Se décrivant comme une «fonctionnaire dévouée», l’ancienne candidate a finalement décidé pour l’heure de se retirer du jeu politique et s’en est expliquée : «J’ai toujours cru que, malgré la fragilité de notre démocratie, nos systèmes seraient suffisamment solides pour défendre nos principes les plus fondamentaux. Et je pense qu’à l’heure actuelle, ils ne sont pas aussi solides qu’ils devraient l’être. Et pour l’instant, je ne souhaite pas réintégrer ce système.» «Pour le moment, mon leadership et mon engagement public ne passeront pas par un mandat d’élue», a poursuivi Kamala Harris, avant d’évoquer son intention de «partager plus de détails dans les mois à venir sur [ses] projets».

Etant donné la «pause» politique annoncée lors de son show, Stephen Colbert a posé la question fatidique : qui sera le leader du Parti démocrate ? Selon son invitée, pour «sortir de cette situation et la surmonter», mettre tout le poids sur les épaules d’une seule personne est une «erreur». Et d’ajouter : «C’est nous tous qui devons porter ce poids.»