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Contestation

De l’Espagne aux Etats-Unis, l’élection de Nicolás Maduro mise en doute

Alors que le Conseil national électoral proclame une victoire du président sortant Nicolás Maduro avec 51,2 % des voix, plusieurs dirigeants mondiaux dénoncent une fraude et réclament une transparence totale.
Des Vénézuéliens vivant au Chili et des opposants à Nicolás Maduro devant le consulat vénézuélien à Santiago, au Chili, dimanche 28 juillet. (Rodrigo Arangua/AFP)
publié le 29 juillet 2024 à 13h08

Elections «frauduleuses» pour le président du Costa Rica, Rodrigo Chaves, un «résultat [qui] ne reflète pas la volonté du peuple vénézuélien», pour le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken… Plusieurs dirigeants, sceptiques, ont mis en doute ce lundi 29 juillet la réélection de Nicolás Maduro à un troisième mandat à la tête du Venezuela, alors que l’opposition, représentée par Edmundo González Urrutia, a revendiqué la victoire avec «70 % des voix» et a dénoncé «une méconnaissance et une violation grossière de la volonté populaire».

La communauté internationale a rapidement réagi, demandant une transparence totale dans le processus électoral. Le chef de la diplomatie de l’Union européenne, Josep Borrell, a insisté sur cette nécessité : «Les Vénézuéliens se sont prononcés sur l’avenir de leur pays pacifiquement et en grand nombre. Leur volonté doit être respectée. Il est essentiel de garantir la transparence totale du processus électoral, y compris le décompte détaillé des voix et l’accès aux procès-verbaux des bureaux de vote», a-t-il déclaré dans un message publié sur X.

«Transparence totale»

De son côté, le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, a exigé une «transparence totale» dans le décompte des voix. «Ce que nous voulons, c’est une transparence totale dans le processus. Et c’est pourquoi ce que nous demandons, et ce que nous attendons aussi, c’est la publication des résultats, bureau de vote par bureau de vote, afin que nous puissions vérifier les résultats», a-t-il déclaré lors d’un entretien à la radio Cadena Ser. Son homologue italien, Antonio Tajani, a exprimé sa «perplexité» sur le déroulement «régulier» de l’élection, en exigeant «des résultats qu’il est possible de vérifier et l’accès aux documents».

La diplomatie britannique a exprimé sa préoccupation face aux «allégations de graves irrégularités dans le dépouillement et la proclamation des résultats» et demande «une publication rapide et transparente des résultats complets et détaillés». Le ministre allemand des Affaires étrangères, lui, a exprimé sur X des doutes sur les résultats annoncés de l’élection, affirmant qu’ils «ne suffisent pas à dissiper les incertitudes» sur le décompte des voix. Berlin appelle à accéder à «tous les documents électoraux» disponibles.

La déclaration de la France est venue rejoindre en fin journée celles de nombreux pays exprimant des doutes sur le résultat de la réélection. Paris a appelé les autorités vénézuéliennes à faire preuve de «transparence totale» en publiant l’intégralité des procès-verbaux et des résultats des centres de vote pour «garantir la sincérité du scrutin». «Le peuple vénézuélien s’est exprimé en nombre et de manière pacifique. Son choix doit être respecté», a souligné le ministère des Affaires étrangères.

Le chef d’Etat chilien, Gabriel Boric, a été parmi les premiers à contester publiquement le résultat de la présidentielle, affirmant que «le régime de Maduro doit comprendre que les résultats qu’il publie sont difficiles à croire». Il a averti que «le Chili ne reconnaîtra aucun résultat qui ne soit pas vérifiable». Le gouvernement brésilien a demandé une «vérification impartiale des résultats» au Venezuela et attend que «le Conseil national électoral publie les données détaillées par bureau de vote», a indiqué le ministère brésilien des Affaires étrangères dans un communiqué.

La réaction la plus percutante est venue du président argentin d’extrême droite, Javier Milei, qui a tweeté : «DICTATEUR MADURO, DEHORS !!! Les Vénézuéliens ont choisi de mettre fin à la dictature communiste de Nicolás Maduro». Selon lui, les données indiquent une victoire écrasante de l’opposition et le monde attend que Maduro reconnaisse sa défaite après des années de «socialisme, de misère, de décadence et de mort».

«Dissiper les doutes»

D’autres pays d’Amérique latine ont également rejeté les résultats. Dans un communiqué commun, les gouvernements de l’Argentine, du Costa Rica, de l’Equateur, du Guatemala, du Panama, du Paraguay, du Pérou, de la République dominicaine et de l’Uruguay «exigent un réexamen complet des résultats avec la présence d’observateurs électoraux indépendants» et une réunion sous l’égide de l’Organisation des Etats américains (OEA).

Le président du Costa Rica a également «rejeté catégoriquement» la proclamation de la victoire de Maduro, qualifiant les élections de «frauduleuses». Il a ajouté que son pays travaillerait «avec les gouvernements démocratiques du continent et les organisations internationales pour que la volonté sacrée du peuple vénézuélien soit respectée». Quant au ministre colombien des Affaires étrangères, Luis Gilberto Murillo, lui, il a exigé un décompte complet des votes ainsi qu’un «audit indépendant». «Il est important de dissiper les doutes sur les résultats», a ajouté Murillo sur X.

Aux Etats-Unis, le secrétaire d’Etat Antony Blinken a exprimé de «sérieux doutes» quant à l’exactitude des résultats. «Nous craignons sérieusement que le résultat annoncé ne reflète pas la volonté ou le vote du peuple vénézuélien», a déclaré Washington. Il a souligné l’importance de la transparence dans le processus électoral et a insisté sur le fait que chaque vote doit être compté de manière juste et transparente. «La communauté internationale suit la situation de très près et réagira en conséquence», a-t-il ajouté.

Face à ces critiques, Maduro a reçu le soutien de ses alliés traditionnels. Le président cubain, Miguel Díaz-Canel, a félicité Maduro pour son «triomphe électoral historique». De même, les présidents du Nicaragua, de la Bolivie, du Honduras, de Madagascar ont exprimé leur soutien à Maduro. Le président russe, Vladimir Poutine, s’est déclaré également prêt à un «travail constructif» avec le nouvel élu, le qualifiant de «bienvenue sur le sol russe». Pékin, principal créancier du Venezuela, réaffirme son «partenariat stratégique» avec Maduro à la tête de Caracas.

Mise à jour à 14h08 avec une déclaration du ministère allemand des Affaires étrangères

Mise à jour à 17h50 avec les déclarations de la France, du Brésil et de l’Equateur