Qu’allait faire Kamala Harris de cet ultime moment dans la lumière, épilogue infiniment douloureux d’une campagne de 107 jours achevée par une défaite sans appel ? Quelle tonalité allait-elle donner à ce «concession speech», cette tradition démocratique qui veut que le vaincu d’une présidentielle américaine, avec grâce et humilité, reconnaisse son échec pour permettre au pays de se diriger sereinement vers une transition pacifique. Une tradition piétinée par Donald Trump, battu en 2020 par Joe Biden mais qui fit ensuite du mensonge de l’élection volée l’un des moteurs de son incroyable come-back.
Peu après 16 heures, traits tirés mais sourire aux lèvres, sous les applaudissements et au son de Freedom de Beyoncé, devenu l’hymne de sa campagne, la vice-présidente s’est avancée sur la scène installée à la Howard University de Washington, son alma mater. Cette «Harvard noire» où elle rêvait de célébrer la première élection d’une femme, et d’une femme noire, à la présidence des Etats-Unis. «Good afternoon», a-t-elle répété plusieurs fois alors que la foule, largement jeune, noire et féminine, et parfois émue aux larmes, la cajolait d’une dernière ovation aux cris de «Kamala, Kamala».
Récit
«Mon cœur est empli de gratitude pour la confiance que vous m’ave