Une énième absurdité de l’administration Trump, délétère pour la santé publique mondiale, contre laquelle l’Etat français dit ne rien pouvoir faire. Dans le sillage du démantèlement de l’USAid, l’agence pour le développement international, les Etats-Unis comptent détruire l’équivalent de 9,7 millions de dollars de stock de contraceptifs féminins. Des associations féministes et des responsables de gauche ont appelé le gouvernement français à intervenir. Réponse du ministère de la Santé, auprès de l’AFP, ce vendredi 1er août : «Dans la mesure où les contraceptifs ne sont pas des médicaments d’intérêt thérapeutique majeur et qu’en l’espèce nous ne sommes pas dans le cadre d’une tension d’approvisionnement, nous n’avons aucun moyen pour réquisitionner les stocks.»
Ce matériel de contraception, essentiellement des dispositifs intra-utérins et des implants, était destiné aux femmes vivant notamment en Afrique subsaharienne. Ils provenaient de contrats de l’USAid, passés sous la présidence de Joe Biden. Selon la sénatrice démocrate Jeanne Shaheen, qui a tenté de se battre contre cette décision, le stock aurait dû être principalement envoyé dans «des zones de guerre» et «des camps de réfugiés». Le département d’Etat américain affirme qu’il a choisi cette option faute de trouver des acheteurs, en citant une vieille règle fédérale (la «Mexico City Policy», instaurée en 1984, ressuscitée en janvier par Trump) : elle interdit d’envoyer de l’aide à des organisations étrangères qui conseillent sur l’avortement, orientent des femmes vers des personnes qui en pratiquent ou militent en faveur de sa décriminalisation.
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«Nous avons examiné les moyens d’action dont nous disposions mais malheureusement, il n’existe pas de base juridique permettant une intervention d’une autorité sanitaire européenne et a fortiori de l’Agence nationale de la sécurité du médicament (ANSM) pour récupérer ces dispositifs médicaux», poursuit le ministère. Il affirme ne pas avoir d’information sur l’endroit où ces contraceptifs, stockés en Belgique, vont être détruits. Selon certains médias anglo-saxons, l’opération devait être réalisée en France, «à la fin juillet», par une entreprise spécialisée dans la destruction des déchets médicaux. L’AFP n’a pas pu confirmer cette information de source officielle à ce stade.
Démarches diplomatiques belges
«On a été informés d’un début de déstockage de ces cartons de contraceptifs mais on ignore où se trouvent les camions et s’ils sont arrivés en France, a déclaré jeudi la présidente du Planning familial Sarah Durocher. Nous appelons toutes les entreprises d’incinération à s’opposer à cette décision insensée.»
«Je ne vois pas qui en France peut accepter que cela se fasse, a de son côté estimé la cheffe des Verts, Marine Tondelier, sur BFM TV-RMC. Il faut absolument qu’on sache où ça va être incinéré.»
Plusieurs organisations internationales engagées sur la question de la contraception ont indiqué avoir proposé, sans succès, à l’administration américaine de lui racheter et de reconditionner les stocks de contraceptifs. La Belgique a fait savoir qu’elle avait engagé des démarches diplomatiques auprès des autorités américaines et dit explorer toutes les «pistes possibles pour éviter la destruction de ces produits».