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Interview

Disparitions forcées au Mexique : «Ça continue parce que l’Etat ne ne garantit aucune protection, n’ouvre aucune enquête et ne sanctionne pas les responsables »

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Plus de 120 000 personnes sont officiellement portées disparues au Mexique. Bibiana Mendoza, cofondatrice du collectif Hasta Encontrarte et Edith Olivares, directrice d’Amnesty International Mexique, échangent sur ce fléau national et la place des femmes dans les recherches.
A l'occasion de la Journée internationale des victimes de disparitions forcées, à Mexico, le 30 août 2024. (Rodrigo Oropeza /AFP)
par Rachel Czernichow
publié le 2 février 2025 à 17h20

En tout, 121 000 disparitions forcées. C’est le chiffre officiel avancé par le gouvernement mexicain. Les associations de familles des victimes, qui occupent un rôle central dans la quête des disparus, affirment pourtant qu’il faut sans doute multiplier ce nombre par trois. Le phénomène s’est notamment amplifié depuis la mise en place par le gouvernement, en 2006, d’une lutte active contre le narcotrafic. Désormais, les proches des disparus, ces «chercheuses» qui tentent de les retrouver, sont menacées et craignent pour leur vie. Bibiana Mendoza, chercheuse et cofondatrice de l’association Hasta Encontrarte («jusqu’à te retrouver») et Edith Olivares, directrice de la branche mexicaine d’Amnesty International, ont fait une halte à Paris après avoir participé au premier congrès mondial sur les disparitions forcées, mi-janvier, à Genève.

Comment avez-vous été amenées à vous engager dans la lutte contre les disparitions forcées au Mexique ?

Bibiana Mendoza : Le 8 janvier 2018, ils ont fait disparaître mon frère. C’est comme ça qu’on utilise le verbe disparaître, quelqu’un «disparaît» quelqu’un d’autre. Depuis ce jour, j’ai commencé à le chercher. Avec d’autres femmes dans la même situation, nous avons formé un collectif. On a rapidement commencé à nous appeler des défenseuses des droits humains mais, pendant longtemps, j