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Défense

«Dôme d’or» : Trump annonce la construction d’un bouclier antimissiles aux Etats-Unis

Le président américain a affirmé mardi 20 mai au soir qu’un nouveau système permettrait, d’ici à la fin de son mandat en 2029, «d’intercepter des missiles même s’ils sont lancés de l’autre côté de la Terre». Coût estimé de l’opération : 175 milliards de dollars.
Donald Trump annonçant son projet de «Dôme d’or», mardi 20 mai 2025 depuis le Bureau ovale de la Maison blanche, en compagnie du secrétaire d'Etat à la Défense, Pete Hegseth. (Kevin Lamarque/REUTERS)
publié le 21 mai 2025 à 7h13

Une annonce aussi futuriste qu’elle fleure bon les années 80. Donald Trump a déclaré mardi 20 mai au soir que les Etats-Unis construiraient un système de défense antimissiles sur le modèle du «Dôme de fer» israélien, et que le président américain a baptisé «Dôme d’or».

«J’ai le plaisir d’annoncer que nous avons officiellement sélectionné une architecture pour ce système dernier cri», a déclaré le président républicain à la presse dans le Bureau ovale de la Maison Blanche, précisant que le Canada rejoindrait cette initiative. «Une fois achevé, le Dôme d’or sera capable d’intercepter des missiles même s’ils sont lancés de l’autre côté de la Terre et même s’ils sont lancés depuis l’espace», a-t-il ajouté.

«C’est très important pour la réussite et même la survie de notre pays», a assuré Donald Trump, qui table sur un système opérationnel d’ici la fin de son mandat en 2029. La facture totale s’élèverait d’après lui à «environ 175 milliards de dollars une fois terminé».

Selon une agence du Congrès américain sans affiliation partisane, le coût estimé d’un système d’interception basé dans l’espace pour contrer un nombre limité de missiles balistiques intercontinentaux est d’entre 161 milliards de dollars et 542 milliards sur vingt ans.

«Guerre des étoiles» de Reagan

Fin janvier, Donald Trump avait signé un décret pour développer un «Dôme de fer américain», soit selon la Maison Blanche un bouclier de défense antimissiles total pour protéger le territoire américain. La Russie et la Chine avaient alors critiqué cette annonce, Moscou y voyant un plan «comparable à la guerre des étoiles» soutenu par Ronald Reagan durant la Guerre froide.

L’expression «Dôme de fer» fait référence à l’un des systèmes de défense d’Israël, qui protège le pays des attaques par missiles et roquettes mais aussi par drones. Ce système a intercepté des milliers de roquettes depuis sa mise en service en 2011. Il a un taux d’interception d’environ 90 %, selon l’entreprise militaire israélienne Rafael, qui a participé à sa conception.

Israël a d’abord développé seul le «Dôme de fer» après la guerre du Liban de 2006, avant d’être rejoint par les Etats-Unis, qui ont apporté leur savoir-faire en matière de défense et des milliards de dollars de soutien financier.

Donald Trump avait déjà évoqué ce projet de bouclier antimissiles dans sa campagne, mais les experts soulignent que ces systèmes sont conçus à l’origine pour répondre à des attaques menées à courte ou moyenne distance, et non pas pour intercepter des missiles à portée intercontinentale susceptibles de frapper les Etats-Unis.

Drones

En 2022, la dernière évaluation de l’armée américaine dans le domaine des missiles (Missile Defense Review) faisait état de menaces croissantes de la Russie et de la Chine. Pékin se rapproche de Washington en matière de missiles balistiques et hypersoniques, tandis que Moscou modernise ses systèmes de missiles de portée intercontinentale et améliore ses missiles de précision, selon ce document.

Il affirme également que la menace des drones - qui jouent un rôle clé dans la guerre en Ukraine - est susceptible de s’accroître et met en garde contre le danger des missiles balistiques de la Corée du Nord et de l’Iran, ainsi que des menaces de roquettes et de missiles provenant d’acteurs non étatiques.

Ces dernières années, les Etats-Unis ont acquis une expérience précieuse en matière de défense contre les missiles et les drones. En Ukraine, les systèmes américains ont été utilisés pour contrer les missiles russes, tandis que les avions et les navires de guerre américains ont aidé à défendre Israël contre les attaques iraniennes l’année dernière et ont abattu à plusieurs reprises des missiles et des drones lancés sur des navires par les rebelles houthis du Yémen, soutenus par Téhéran.