On savait Donald Trump grand amateur de Coca-Cola - light -, au point d’avoir un bouton rouge sur son bureau destiné à se faire livrer un verre quand bon lui semble. Mais il n’était manifestement pas satisfait de ce qui se trouvait à l’intérieur. Alors entre deux négociations sur l’avenir de l’Ukraine, de Gaza ou de sa guerre commerciale, Donald Trump a pris le temps mercredi 16 juillet au soir de trompeter qu’il a obtenu un changement de recette de la célèbre boisson.
«J’ai discuté avec Coca-Cola de l’utilisation du VRAI sucre de canne dans le Coca aux Etats-Unis, et ils ont accepté», a affirmé Donald Trump sur son réseau Truth Social. Le soda pourrait donc à l’avenir être composé de cassonade et non plus de sirop de maïs. «J’aimerais remercier tous les responsables de Coca-Cola. Ce sera une très bonne décision de leur part - vous verrez. C’est tout simplement mieux !», s’est-il réjoui.
En guise de réponse, l’entreprise américaine s’est contentée du service minimum, disant «apprécier l’enthousiasme du président Trump pour notre marque emblématique» et que «plus de détails sur les nouvelles offres innovantes de notre gamme de produits Coca-Cola seront bientôt communiqués».
ORDER UP: President Trump shows @IngrahamAngle his famous red Diet Coke button on the Resolute Desk. pic.twitter.com/mitwv59dv4
— Fox News (@FoxNews) March 20, 2025
On ignore encore si la firme va bien appliquer cette modification, si Trump est vraiment à l’origine de la demande, ou pourquoi il l’aurait faite. Goût personnel, motivation économique, diversion politique, raison sanitaire…
A tout le moins, le Washington Post relève que ce changement s’inscrirait dans la volonté du ministre de la Santé, le conspirationniste Robert F. Kennedy Jr, d’inciter les industriels de l’agro-alimentaire à supprimer les additifs et autres colorants artificiels. Sa commission MAHA, pour «Make America Healthy Again» (Rendre sa santé à l’Amérique), a publié un rapport au mois de mai, qui met en cause le sirop de maïs comme l’un des facteurs supposé d’obésité et de maladies connexes aux Etats-Unis.
Alors que le géant de l’agroalimentaire utilise du sucre de canne en Europe, les consommateurs américains avalent du sirop de maïs à haute teneur en fructose (SGHF) depuis les années 1980, souligne le New York Times. La raison : des prix plus bas du maïs aux Etats-Unis lié aux subventions gouvernementales aux producteurs, et des droits de douane élevés sur le sucre de canne.
Pas d’incidence significative sur la santé
Le SGHF et le sucre sont tous deux composés de fructose et de glucose. Mais leur structure diffère : le sirop de maïs contient du fructose et du glucose libres non liés, dans des proportions variables, tandis que dans le sucre, les deux sont liés chimiquement.
Ces différences structurelles ne semblent toutefois pas avoir d’incidence significative sur la santé. En 2022, des études cliniques ont permis de constater l’absence de différence majeure entre le SGHF et le saccharose en termes de prise de poids ou de santé cardiaque. Seule différence notable : une augmentation d’un marqueur d’inflammation chez les personnes consommant du SGHF.
Donald Trump est quant à lui un buveur invétéré de Coca-Cola light, édulcoré à l’aspartame, un composé considéré comme «peut-être cancérogène» par les experts de l’Organisation mondiale de la santé.
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Mais ce possible changement de recette risque d’avoir des conséquences lourdes, y compris pour Donald Trump lui-même. La décision de Coca-Cola pourrait en effet affecter les producteurs de maïs de la «Corn Belt» et causer des destructions d’emploi dans cette région du Midwest qui représente un important vivier d’électeurs républicains. Elle pourrait aussi se traduire par des hausses de prix de la boisson, le sucre étant plus cher que le sirop de maïs.
Ironie de l’histoire pour le président anti-immigration, du Coca au sucre de canne existe déjà aux Etats-Unis, produit et importé… du Mexique.
Mise à jour : à 16 h 12, avec l’ajout de la politique du ministre de la Santé de Donald Trump.