Politique ou judiciaire ? Le combat climatique s’installe progressivement sur le terrain des tribunaux. Ce mardi, de jeunes plaignants vont pouvoir témoigner pour la première fois directement face au gouvernement républicain. En cause ? La manière dont la politique de Trump «provoque la crise climatique et porte préjudice aux jeunes» explique Andrea Rogers, avocate de l’association Our Children’s Trust. Décrets qui facilitent la production de pétrole et de gaz et qui entravent celle d’énergies renouvelables, décisions qui occultent le suivi des effets du changement climatique, autant d’arguments portés par le groupe de militants qui s’inquiètent des répercussions sur la santé. «Cela m’angoisse beaucoup de penser à mon avenir», explique Eva Lighthiser – la plaignante principale de 19 ans –, dont la famille a été contrainte de déménager pour motifs climatiques. «C’est très difficile à accepter pour quelqu’un qui entre tout juste dans l’âge adulte», poursuit-elle. Aux côtés de cette vingtaine de jeunes, l’initiative est appuyée par des climatologues, un pédiatre ainsi que l’ancien émissaire climatique démocrate, John Podesta, qui témoigneront.
A lire aussi
Ce n’est pas la première fois que des jeunes s’emparent de la justice pour faire valoir leurs droits climatiques. Cet été, des étudiants de l’archipel du Vanuatu (océan Pacifique) ont obtenu une victoire retentissante devant la Cour internationale de justice – plus haute juridiction de l’ONU. De même, en 2023, un juge du Montana avait donné raison à de jeunes plaignants qui contestaient l’absence de prise en compte du climat dans la délivrance de permis pétroliers et gaziers, estimant que cela violait leur droit constitutionnel à un environnement sain. Un an plus tard, ce sont de jeunes militants hawaïens qui avaient obtenu à leur tour un accord obligeant leur Etat à accélérer la décarbonation du secteur des transports.
Si l’action reste pour le moment au stade procédural et vise à obtenir du juge qu’il ordonne la tenue d’un procès, le combat n’est pas gagné pour les plaignants. Le gouvernement fédéral, rejoint par 19 Etats conservateurs et le territoire de Guam, réclame un classement sans suite. De plus, l’absence de jurisprudence fédérale forte sur un «droit constitutionnel à un environnement propre» ne joue pas en faveur du mouvement, selon Michael Gerrard, professeur de droit environnemental à l’université de Columbia.
Analyse
En cas de procès, la procédure devrait se tenir devant de la Cour suprême – à majorité conservatrice. Or, Michael Gerrard est cynique et clair : «Cette cour suprême est plutôt encline à retirer des droits qu’à en accorder, à moins que vous n’ayez une arme à feu.» Au niveau fédéral en effet, la balance penche rarement du côté des militants. L’affaire la plus connue, datant de 2015, a été close en 2023 par ladite Cour suprême. Mais alors existe-t-il un droit à un futur viable ? Le gouvernement Trump pourrait faire valoir que la question climatique relève du politique et non des tribunaux.