Il comptait sur l’immunité présidentielle. C’est raté. Une cour d’appel de New York a confirmé ce lundi 8 septembre la condamnation de Donald Trump à verser 83,3 millions de dollars à l’autrice E. Jean Carroll pour l’avoir attaqué verbalement à de multiples reprises. Dans cette affaire civile, le président américain avait été condamné en janvier 2024 – avant le début de son second mandat – par un jury populaire, qui l’avait estimé coupable d’avoir diffamé cette ancienne chroniqueuse du magazine Elle après qu’elle l’eut accusé de viol dans les années 1990.
Les neuf jurés avaient imposé cet important montant de 83,3 millions de dollars, dont 65 millions de dollars de dommages et intérêts «punitifs» censés dissuader le président américain de «nuire» à nouveau à E. Jean Carroll. Cette somme avait largement excédé les dix millions de dollars initialement réclamés par la plaignante pour préjudice moral et professionnel.
«Faits extraordinaires et choquants»
Le républicain, qui était alors en campagne pour revenir à la Maison Blanche, avait fustigé une condamnation «ridicule» et promis de faire appel. Réélu et investi en janvier 2025, il comptait sur l’immunité présidentielle pour être relaxé en appel.
Mais la Cour d’appel a rejeté cet argument, car l’immunité présidentielle accordée à Donald Trump par la Cour suprême l’année dernière ne concerne que les actes «officiels», et non privés et personnels. Elle a également considéré que le dédommagement décidé par le jury en première instance était «raisonnable au regard des faits extraordinaires et choquants de ce dossier».
Interview
Elizabeth Jean Carroll, 81 ans, fut journaliste et chroniqueuse pour l’édition américaine du magazine Elle et a accusé en 2019 Donald Trump de l’avoir violée en 1996 dans une cabine d’essayage d’un grand magasin new-yorkais. Sur la foi d’une autre plainte au civil en 2022 pour viol et diffamation, elle avait déjà, en mai 2023, fait reconnaître Donald Trump responsable d’agression sexuelle à son encontre ce jour-là. Le magnat avait été alors condamné à lui verser 5 millions de dollars.
C’est lors de ce procès que le milliardaire n’a eu de cesse de diffamer l’autrice au tribunal et sur les réseaux sociaux. Donald Trump avait posté une soixantaine de messages sur son réseau Truth Social accusant Carroll d’avoir monté «une FAUSSE histoire à la Monica Lewinsky» – du nom du scandale de la stagiaire de la Maison Blanche qui avait failli emporter le président Bill Clinton à la fin des années 90 – et de «chercher à EXTORQUER» de l’argent. Il l’a encore traitée de «tarée» à l’«histoire bidon» qu’il n’a «jamais vue de [sa] vie». Durant la procédure en 2022, il avait qualifié l’autrice de «malade». Une nouvelle ligne à son casier judiciaire.