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Insolite

Donald Trump impose des droits de douane à deux îles australiennes inhabitées

Dans la liste de la soixantaine de pays concernés par nouveaux tarifs annoncés par Trump mercredi, figurent les îles Heard et McDonald, où nulle âme ne vit. Et pourtant, la Banque mondiale y recense des échanges commerciaux avec les Etats-Unis.
Un groupe de manchots royaux se tenant sur les rives de Corinthian Bay dans le territoire australien de l'île Heard dans l'océan Austral, le 8 octobre 2024. (Matt Curnock/AFP)
publié le 3 avril 2025 à 11h45
(mis à jour le 3 avril 2025 à 12h27)

Drôle de sélection. Le mercredi 2 avril, Donald Trump a signé un décret annonçant des taxes en hausse pour des dizaines de partenaires commerciaux - à l’exception de la Russie, de la Corée du Nord, de la Biélorussie et de Cuba. Mais dans la fameuse liste figurent deux îles inhabitées : Heard et McDonald. Situées dans l’océan Indien, près de l’Antarctique, elles appartiennent à l’Australie. Les deux territoires insulaires de 369 km² couverts de neige et de glaciers vont donc être assujettis à des droits de douane de 10 %.

Cet archipel australien compte parmi «les rares écosystèmes insulaires vierges du monde» souligne l’UNESCO, qui précise en outre qu’il s’agit des «seules îles volcaniques subantarctiques en activité». Elles ne comptent «aucune espèce de flore et de faune introduite par l’homme», précise le gouvernement australien dans une notice explicative. Soumises à un climat polaire, Heard et McDonald ne sont que rarement très visitées. Seuls des chercheurs s’y aventurent parfois, ainsi que des bateaux de pêcheurs.

Des échanges commerciaux mystérieux

Ajouter Heard et McDonald à la longue liste de pays frappés par des hausses douanières est donc surprenant. Déjà, l’archipel n’est pas un état en soi, tout comme les territoires d’outre-mer français que répertorie aussi la liste. Mais en réalité, selon les données de la Banque mondiale, les deux territoires insulaires commercent de façon erratique avec les Etats-Unis. En 2017, les îles ont exporté pour 325 000 dollars, en 2020 pour 16 000 et en 2022 pour 1,4 million. Et pour ces trois dernières années, la BCE ne donne pas de chiffres. La Banque mondiale indique qu’il s’agit principalement d’appareils électriques, de matières diverses (verre, plastique) ou encore de plantes et végétaux. Tout cela est très mystérieux, puisqu’il n’y a pas d’activité industrielle sur le site, à l’exception d’un site dédié à la pêche.

En outre, d’autres territoires appartenant à l’Australie figurent aussi dans la liste. Parmi eux, l’île Christmas, les îles Cocos, et l’île Norfolk, également frappées par une hausse des droits de douane. Cette dernière est d’ailleurs soumise à une taxe sur les produits exportés de 29 %. Pourtant, son administrateur George Plant a assuré au Guardian qu’il «n’existe aucune exportation connue de l’île Norfolk vers les États-Unis». «Je ne suis pas certain que l’île Norfolk soit un concurrent commercial du géant économique que sont les Etats-Unis», a ironisé de son côté le premier ministre australien Anthony Albanese. Tout autant d’étrangetés qui émaillent la liste de la Maison Blanche, qui semble avoir plus misé sur la quantité que la qualité de ses cibles dans cette guerre économique.