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Donald Trump ne garantit pas la sécurité de l’Otan et promet des expulsions massives de migrants

Élections américaines de 2024dossier
Lors d’un meeting samedi 10 février en Caroline du Sud, Donald Trump a menacé, en cas de réélection, de ne plus garantir la protection de l’Otan face à la Russie et a promis une vague massive d’expulsions à la frontière.
L'ancien président Donald Trump à l'Université Coastal Carolina à Conway, le samedi 10 février 2024. (Manuel Balce Ceneta/AP)
publié le 11 février 2024 à 11h38
(mis à jour le 11 février 2024 à 17h45)

En cas de victoire de Donald Trump à l’élection présidentielle, l’alliance Atlantique a du souci à se faire. En meeting samedi 10 février en Caroline du Sud, l’ancien président américain s’est une nouvelle fois attaqué à ses alliés de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord, leur reprochant de ne pas financer suffisamment l’institution. Lors du meeting, Trump a rapporté une conversation avec un des chefs d’Etat de l’Otan, sans le nommer. «Un des présidents d’un gros pays s’est levé et a dit : eh bien, monsieur, si on ne paie pas et qu’on est attaqué par la Russie, est-ce que vous nous protégerez ?» raconte le milliardaire. «Non, je ne vous protégerais pas, a continué Trump. En fait, je les encouragerais à vous faire ce qu’ils veulent. Vous devez payer vos dettes».

Cette déclaration intervient après que Donald Trump, probable candidat face au chef d’Etat démocrate sortant Joe Biden lors de la présidentielle de novembre, a fait pression sur les élus républicains au Congrès afin d’enterrer un projet de loi prévoyant notamment le versement d’une nouvelle aide à l’Ukraine. D’un montant de 95 milliards de dollars, elle sera débattue la semaine prochaine et comprend également des fonds pour la lutte d’Israël contre le Hamas et pour un allié stratégique clé, Taiwan.

Une déclaration de Donald Trump qui n’a pas manqué de faire réagir Washington. «Encourager l’invasion de nos alliés les plus proches par des régimes meurtriers est consternant et insensé», a réagi samedi soir Andrew Bates, porte-parole de la Maison Blanche. Il a également vanté les efforts déployés par Biden pour renforcer les alliances dans le monde entier.

En Europe et au sein de l’Otan, les propos provocateurs de l’ancien président ont suscité indignation et consternation. «Des déclarations imprudentes sur la sécurité de l’Otan et la solidarité de l’article 5 ne servent que les intérêts de Poutine», a déploré le président du Conseil européen Charles Michel. Le secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg a lui mis en garde contre des propos qui «sapent notre sécurité», alors que la force de dissuasion de l’Otan repose largement sur l’article 5, qui prévoit la solidarité de l’ensemble des membres de l’Alliance en cas d’attaque armée contre l’un d’entre eux. «Toute suggestion selon laquelle les Alliés ne se défendront pas les uns les autres sape notre sécurité à tous, y compris celle des Etats-Unis, et expose les soldats américains et européens à un risque accru», a-t-il déclaré.

«La plus grande opération d’expulsion nationale de l’histoire des Etats-Unis»

L’ancien président américain s’est également à nouveau emparé du dossier brûlant de l’immigration, autre grand sujet de controverse dans la campagne électorale. Sous sa pression, les élus républicains semblent avoir décidé de bloquer toute réforme de la politique migratoire avant l’élection présidentielle. «N’oublions pas que cette semaine, nous avons aussi remporté une grande victoire que tous les conservateurs devraient célébrer. Nous avons écrasé le projet désastreux de cet escroc de Joe Biden sur les frontières ouvertes», s’est félicité le milliardaire. «Tout le groupe a fait un excellent travail au Congrès. Nous l’avons écrasé», a-t-il ajouté.

L’ancien président, qui avait bâti sa popularité en promettant la construction d’un mur entre les Etats-Unis et le Mexique, a assuré que l’expulsion de migrants constituerait l’une de ses priorités en cas de retour à la Maison Blanche. «Dès le premier jour, je mettrai fin à toutes les politiques d’ouverture des frontières de l’administration Biden et nous lancerons la plus grande opération d’expulsion nationale de l’histoire des Etats-Unis. Nous n’avons pas le choix», a-t-il affirmé.

Ensuite, le magnat de 77 ans s’en est pris à Nikki Haley, l’ancienne gouverneure de l’Etat de Caroline du Sud et rivale pour l’investiture républicaine. Dans une de ces interprétations face au pupitre dont lui seul a le secret, il a ironisé sur l’absence de son mari à ses côtés durant la campagne. «Où est son mari ? Oh, il est parti, il est parti. Qu’est-il arrivé à son mari ?» a-t-il lancé avec des effets de voix outranciers.

Largement distancée dans la course à l’investiture, l’ancienne ambassadrice des Etats-Unis à l’ONU a répondu sèchement sur X à propos de son mari, Michael Haley, engagé pour un an dans un déploiement militaire à Djibouti. «Il est en déploiement au service de notre pays, quelque chose dont vous ne connaissez rien. Quelqu’un qui manque continuellement de respect aux sacrifices des familles de militaires n’a rien à faire comme commandeur en chef», a-t-elle taclé. En réponse à Donald Trump, Michael Haley y est lui aussi allé de son tweet : une photo de loup bardée d’un commentaire cinglant : «La différence entre les humains et les animaux ? Les animaux ne laisseraient jamais le plus stupide d’entre eux diriger la meute.»

Mis à jour à 17h44 avec réactions de Charles Michel et Jens Stoltenberg