Inscrivez-vous ici pour recevoir gratuitement toutes les semaines notre newsletter Libé America.
Le 45e président des Etats-Unis, 78 ans, retente sa chance pour une troisième campagne présidentielle, sans avoir jamais reconnu sa défaite face à Joe Biden en 2020. Depuis le retrait de la course du président sortant, Donald Trump fait figure de vieil homme blanc de la campagne, face à Kamala Harris, de vingt ans sa cadette.
Ses origines et sa famille
Né en juin 1946 dans le Queens, à New York, dans l’opulence d’une grande maison à colonnades et à l’ombre d’un père promoteur immobilier, Donald Trump grandit dans le mythe d’un monde binaire, divisé entre winners et losers. Fan du fondateur de Playboy Hugh Hefner et des sermons capitalistes du pasteur Norman Vincent Peale, il aime à se présenter en self-made-man, quand il est l’archétype de l’héritier. Il reprend les rênes de l’empire familial, accole son patronyme à des hôtels, des golfs ou des avions, rachète des concours de beauté puis incarne le grand patron-requin capitaliste dans l’émission de télé-réalité The Apprentice, qui assoit sa notoriété dans tout le pays. Ses frasques s’étalent dans la presse tabloïd ; il a cinq enfants de trois femmes différentes. Le plus jeune, Barron William Trump, vient d’entrer à l’université. Les autres sont ses plus fidèles relais médiatiques et politiques. Jusqu’à sa belle-fille Lara Trump, coprésidente du comité national du Parti républicain depuis mars.
A lire aussi
Son parcours politique
Après avoir menacé de le faire de nombreuses fois, Trump se lance en politique en 2015 et vise la nomination d’un Parti républicain qui fait la grimace. Mais aucun des 17 candidats de la primaire ne parvient à lui faire barrage, alors qu’il n’a jusque-là jamais exercé le moindre mandat politique. Faisant mentir les sondages, il l’emporte en novembre 2016 face à la démocrate Hillary Clinton, avec 2,8 millions de voix de moins mais plus de grands électeurs (304 contre 227). A la Maison Blanche, le milliardaire républicain mènera une présidence d’outrance, de scandales, de violence et de procédures de destitution (impeachments). Quatre années qui polariseront à l’extrême la société américaine, aux prises avec une pandémie dévastatrice et une colère nationale face au racisme systémique. Battu dans les urnes par Joe Biden en novembre 2020, Donald Trump n’a jamais reconnu sa défaite, et propagé le mythe d’une élection volée, qui poussera ses supporters à prendre d’assaut le Capitole, le 6 janvier 2021.
Alors qu’on le pensait décrédibilisé par ses ennuis judiciaires, démonétisé politiquement, le républicain parvient, une fois encore, à rallier le GOP derrière lui et se lance dans une nouvelle campagne présidentielle en 2024. Il fait même la course en tête dans les sondages pendant des mois, renforcé par son aura de miraculé après avoir survécu à une tentative d’assassinat lors d’un meeting, mi-juillet. Jusqu’à ce que Joe Biden jette l’éponge, et que l’arrivée sur le ticket démocrate de la vice-présidente Kamala Harris bouleverse complètement les dynamiques de campagne.
Son colistier
Eduqué à la prestigieuse université Yale, capital-risqueur et auteur du best-seller Hillbilly Elegy, sur le blues des cols-bleus de la Rust Belt, J.D. Vance, 39 ans, a été choisi par Trump pour devenir son vice-président en cas de retour à la Maison Blanche. Il avait été élu sénateur de l’Ohio en 2022, après avoir obtenu la nomination républicaine de justesse grâce au soutien de dernière minute de Donald Trump. Entre-temps, Vance, qui traitait publiquement le Républicain de «drogue dure» ou de «désastre moral», a changé de disque. Il vante aujourd’hui en Trump un homme profond, et épouse l’idéologie de son nouveau patron, entre populisme économique et nationalisme isolationniste. Mais depuis sa nomination, Vance enchaîne les bourdes, les bides et les scènes gênantes en public, fournissant une matière riche aux communicants et supporteurs de Kamala Harris.
Ses promesses
Donald Trump ne semble pas dévier de son traditionnel slogan «Make America Great Again», et de sa soupe d’obsessions xénophobes et de prophéties populistes, qui lui avaient offert l’élection en 2016. Ses digressions plus ou moins cohérentes, en meetings ou en interviews, semblent invoquer la même nostalgie d’une Amérique fantasmée, blanche, fermée, inspirée par les idéologues de l’ultradroite qui l’entourent. Malgré son échec en 2020, il défend toujours la même vision pessimiste de l’Amérique, avec des positions anti-avortement, anti-immigration, anti-élites intellectuelles et pro-armes. A ces refrains habituels il a rajouté, ces derniers mois, des couplets paranoïaques sur le soi-disant acharnement judiciaire contre lui et à travers lui, contre le peuple américain. «Ils n’en ont pas après moi, ils en ont après vous…, dit la page d’accueil de son site de campagne. Je ne fais que m’interposer !»
Ce qu’il dit de Kamala Harris
Donald Trump semble tester le surnom de «Camarade Kamala» pour présenter Harris en gauchiste radicale. Depuis l’arrivée de celle-ci sur le ticket démocrate, le candidat républicain l’a tour à tour traitée de «folle», de «communiste», d’«idiote», de «véritable ordure», de «clocharde» et, selon une expression qu’il applique exclusivement aux femmes, de «vilaine» («nasty»). Il l’accuse d’avoir laissé les frontières grandes ouvertes aux immigrés sans-papiers forcément criminels, et met en doute son identité raciale, affirmant qu’elle n’est que récemment «devenue une personne noire». Autre angle d’attaque récurrent, ses allusions à la relation de Kamala Harris avec l’ancien maire de San Francisco, Willie Brown, suggérant régulièrement qu’elle a échangé des faveurs sexuelles contre une accélération de sa carrière politique. Il a également posté sur son réseau Truth Social des mèmes faisant référence à des fellations, et affirmé que Kamala Harris avait passé sa vie «à genoux».