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Libération
Bataille d'ego

Clash Donald Trump-Elon Musk : «Sans moi, il aurait perdu l’élection», dit le patron de Tesla, qui perd 14 % en Bourse

Après avoir paradé en binôme infernal pendant plusieurs mois, le président américain et le magnat de la tech s’écharpent désormais sur les réseaux sociaux. Des bisbilles qui ont fait chuter la valeur du titre de Tesla de plus de 14 %.
Elon Musk aux côtés du président américain Donald Trump devant la presse dans le Bureau ovale de la Maison Blanche, le 30 mai 2025 à Washington. (Kevin Dietsch/Getty Images via AFP)
publié le 5 juin 2025 à 20h54
(mis à jour le 5 juin 2025 à 22h19)

Le torchon brûle entre Donald Trump et Elon Musk. Le président américain a assuré jeudi 5 juin sur son réseau Truth Social qu’il avait mis fin à la mission gouvernementale d’Elon Musk, selon lui «devenu fou» à cause d’une décision du président américain défavorable aux véhicules électriques. «Le plus simple pour économiser des milliards et des milliards de dollars dans notre budget serait d’annuler les subventions et contrats gouvernementaux» du patron de SpaceX et Tesla, a-t-il menacé dans un autre message sur Truth. Quelques minutes plus tard, Elon Musk a riposté sur son réseau social X, arguant qu’il était «temps de larguer la véritable grosse bombe». «Donald Trump est dans les fichiers de [Jeffrey] Epstein», a-t-il écrit, faisant référence à ce magnat de la finance américain, à la tête d’un vaste réseau d’exploitation sexuelle de mineures notamment, qui s’est suicidé dans sa cellule avant d’être jugé, en 2019. «C’est la véritable raison pour laquelle ils n’ont pas été rendus publics», a ajouté Musk.

Au cours de cette journée extrêmement tendue entre les deux hommes, le titre de Tesla a perdu plus de 14,04 %, à 285,41 dollars, à 21h05 heure de Paris, et laissait s’envoler plus de 140 milliards de dollars de valorisation. Cette chute refait passer l’entreprise sous le seuil symbolique des 1 000 milliards de capitalisation boursière. Le cours s’était pourtant envolé en janvier, après l’élection de Donald Trump, les investisseurs pensant que l’entreprise bénéficierait de la relation privilégiée entre le président américain et l’entrepreneur. Mais les prises de position d’Elon Musk ont fait tanguer le titre de Tesla en Bourse ces derniers mois et ont refroidi certains acheteurs d’automobiles.

«Abomination répugnante»

Un peu plus tôt, ce même jour, en pleine réception à la Maison Blanche du chancelier allemand Friedrich Merz, assis silencieusement dans le bureau ovale à ses côtés, Trump a livré ses premiers commentaires depuis les critiques acerbes du patron de Tesla survenues deux jours plus tôt. Ce que Trump qualifie de «grande et belle loi», et qui constitue la clé de voûte de son programme présidentiel, avait été fustigé par le magnat de la tech comme «une abomination répugnante».

«Elon et moi avions une excellente relation. Je ne sais pas si ça sera encore le cas, s’est d’abord interrogé le milliardaire républicain. Je suis surpris.» «Je suis très déçu, parce qu’Elon connaissait le contenu de cette loi mieux que quasi-tout le monde ici», a-t-il repris. «Tout d’un coup, il a un problème.» La réponse de Musk n’a pas tardé : Trump et Merz répondaient encore aux questions des journalistes dans le Bureau ovale quand il s’est emparé de X pour répliquer.

«N’importe quoi», a-t-il écrit en commentaire d’une vidéo de Trump affirmant que sa colère était due à la perte de subventions pour les véhicules électriques. «Faux», a-t-il ensuite publié au-dessus d’un extrait dans lequel le président américain assure que Musk connaissait par avance le contenu du texte.

«Quelle ingratitude»

Avant d’enfoncer le clou quelques minutes plus tard : «Sans moi, Trump aurait perdu l’élection» en 2024, «les démocrates contrôleraient la Chambre des représentants et les Républicains seraient à 51-49 au Sénat», a-t-il attaqué. «Quelle ingratitude», a encore accusé Musk.

La dispute entre Trump et Musk, soutien financier de tout premier plan pendant la campagne du républicain et devenu incontournable du début de son second mandat, survient moins d’une semaine après une cérémonie organisée à la Maison Blanche saluant la fin de la mission de l’entrepreneur, chargé de piloter des coupes drastiques dans les dépenses publiques.

Voté fin mai à la chambre basse du Congrès, sous la pression de Donald Trump, le projet de loi budgétaire dans le viseur de Musk est examiné depuis lundi par le Sénat, où les républicains sont majoritaires.

Mis à jour à 22 heures avec les nouvelles pertes de Tesla à Wall Street et le dernier tweet d’Elon Musk à propos de Donald Trump et Jeffrey Epstein.