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Libération
Chasse aux sorcières

Donald Trump vire manu militari la directrice de la principale agence de santé américaine

A la tête des centres pour le contrôle et la prévention des maladies, Susan Monarez s’était opposée aux «directives non scientifiques et dangereuses» du ministre de la Santé antivax Robert Kennedy Jr.
Susan Monarez le 25 juin 2025 à Washington. (Kayla Bartkowski/AFP)
publié aujourd'hui à 9h17

Une nouvelle tête anti-Trump coupée. La Maison Blanche a confirmé mercredi 28 août au soir le renvoi de Susan Monarez, la directrice de la principale agence sanitaire des Etats-Unis, les centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC). Un ultime rebondissement dans le bras de fer entre cette scientifique et l’administration antivax du président américain.

Ce drame en trois actes a commencé par l’annonce mercredi dans la journée de ce départ par le ministère de la Santé, dirigée par Robert Kennedy Jr., conspirationniste notoire et dénué de toute expertise médicale. Le ministère de la Santé a annoncé que Susan Monarez «n’était plus directrice» des CDC dans un court message sur X. «Nous la remercions pour son service dévoué envers le peuple américain», a-t-il ajouté.

«Instrumentalisation de la santé publique»

Mais Susan Monarez, en poste depuis moins d’un mois, a rapidement démenti et accusé le ministre de chercher à l’écarter pour poursuivre une politique «mettant en danger la vie de millions d’Américains». Elle «n’a ni démissionné ni reçu de notification de la Maison Blanche indiquant qu’elle ait été licenciée», ont fait savoir ses avocats dans un communiqué. «En tant que personne intègre et dévouée à la science, elle ne démissionnera pas», avaient-ils ajouté, accusant Robert Kennedy Jr. «d’instrumentaliser la santé publique à des fins politiques». Selon eux, le ministre aurait tenté de l’écarter après qu’elle «a refusé de valider des directives non scientifiques et dangereuses et de licencier des experts».

Kush Desai, porte-parole de la Maison Blanche, a fini par trancher dans un communiqué : «Susan Monarez n’est pas en accord avec le programme du président […] Susan Monarez ayant refusé de démissionner malgré avoir informé le ministère de la Santé de son intention de le faire, la Maison Blanche a renvoyé Mme Monarez de son poste.»

Susan Monarez avait été confirmée fin juillet par le Sénat américain à la tête des CDC, une des agences sanitaires que chapeaute le ministère de la Santé. Sa nomination était en réalité un second choix, la Maison Blanche ayant dû renoncer en mars à son premier candidat, David Weldon, un ex-élu et médecin connu pour ses positions antivax, par crainte qu’il ne lui manque les voix nécessaires au Congrès.

Attaque armée d’un antivax

La nouvelle survient en pleine refonte de la politique vaccinale américaine, sur l’impulsion de Robert Kennedy Jr. «Trop c’est trop», a tranché sur X un haut fonctionnaire des CDC, Demetre Daskalakis, annonçant sa démission en raison des pressions de la nouvelle administration américaine pour «générer des politiques et des documents ne reflétant pas la réalité scientifique». Selon des médias américains, d’autres hauts responsables de l’agence ont fait de même.

Depuis son entrée en fonctions, Robert Kennedy Jr. a amorcé une refonte des agences sanitaires et de la politique vaccinale du pays, limogeant des experts réputés, restreignant l’accès aux vaccins contre le Covid-19 ou coupant des fonds au développement vaccinal. Des mesures souvent prises à l’encontre du consensus scientifique et fustigées par des experts externes. Le départ précipité de Susan Monarez survient en pleine crise aux CDC, l’agence ayant été la cible début août d’une attaque armée d’un homme antivax. Des centaines d’employés et d’anciens salariés avaient signé dans la foulée une lettre ouverte accusant Robert Kennedy Jr. de les mettre en danger en propageant de fausses informations.