Place au témoignage, dans le procès du magnat du hip-hop P. Diddy pour trafic sexuel. La chanteuse de R & B Cassie − Casandra Ventura − s’est exprimée devant le tribunal de New York mardi 13 mai. Témoin clé du procès de son ex-compagnon, elle est revenue sur les violences physiques et psychologiques du producteur, qu’elle revoyait pour la première fois depuis des années. A la barre, la chanteuse américaine a retracé sa rencontre avec P.Diddy, qui s’est rapidement muée en calvaire.
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Cassie a rencontré P.Diddy lorsqu’elle avait 19 ans : le rappeur et producteur lui fait signer un contrat avec son label, Bad Boy Records, pour dix albums - dont seulement un verra le jour. Malgré une différence d’âge de 17 ans, Sean Combs l’embrasse le jour de ses 21 ans. La jeune femme raconte alors avoir fondu en larmes et dit s’être «enfuie». Ils continuent malgré tout de se voir et finissent par avoir des relations sexuelles, raconte-t-elle au jury, sous les yeux de l’accusé, aujourd’hui âgé de 55 ans.
«Je voulais être avec Sean pour les mêmes raisons que tout le monde à l’époque», témoigne la chanteuse de 38 ans : «C’était juste un type passionnant, divertissant, amusant - qui avait aussi, vous savez, ma carrière entre ses mains.» Mais, alors qu’elle tombe amoureuse du rappeur, Cassie dit avoir été contrainte de participer aux «freak-offs» : de longs marathons sexuels que P. Diddy dirigeait, et dont elle était la star mais aussi, assure-t-elle, l’objet.
Selon le récit de la chanteuse, Sean Combs l’encourageait à prendre des drogues avant d’avoir des relations sexuelles, souvent avec des hommes prostitués, pendant qu’il regardait et se masturbait. «Je planais, donc je ne ressentais pas grand-chose», a-t-elle expliqué au tribunal. Et d’ajouter que si elle ne répondait pas aux ordres de son bourreau, il envoyait sa garde rapprochée la chercher. Si elle ne se pliait pas à ses désirs, il la frappait : «J’étais humiliée». «Je ne pouvais en parler à personne, a-t-elle souligné. J’avais l’impression de n’être bonne qu’à ça pour lui.»
Des violences physiques dans un hôtel de Los Angeles
Interrogée par les procureurs pour savoir si elle avait déjà demandé à ce que ces marathons s’arrêtent, Cassie répond qu’elle a essayé, mais en vain. «Sean est vraiment quelqu’un de clivant, mais véritablement charmant, explique-t-elle. Il est difficile de décider à ce moment-là ce dont vous avez besoin quand il vous dit ce qu’il veut.»
Les avocats de la défense entendent démontrer que Cassie était une adulte, librement impliquée dans ce qu’ils qualifient d’activité sexuelle non-conventionnelle, mais consentie. Cassie dépeint au contraire des performances sexuelles dirigées par Sean Combs dans des pièces avec éclairages d’ambiance et où l’on trouve des huiles pour bébé et des lubrifiants. Le rappeur insiste pour qu’elle y porte des tenues transparentes et des talons achetés dans des sex-shops pour ces «freak-offs», qui se déroulent à New York, Miami, Los Angeles, Las Vegas et Atlanta, ainsi qu’à Ibiza ou aux îles Turques-et-Caïques, un archipel britannique près des Bahamas.
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Elle explique que les drogues l’aidaient à encaisser l’«humiliation» de ces relations sexuelles. Sa voix se met à trembler lorsqu’elle raconte les violences subies en 2016 dans un hôtel de Los Angeles, où Sean Combs s’est violemment acharné sur elle. Filmées par des caméras de surveillance, les images sans son de la scène dans les couloirs de l’hôtel avaient été révélées par CNN et ont été diffusées plusieurs fois aux jurés. Elles ne sont qu’un exemple parmi d’autres des violences physiques que la chanteuse dit avoir subies en plus de dix ans de relation.