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Bras de fer

Droits de douane : accord commercial en vue entre Bruxelles et Washington, mais l’Europe reste prête à se défendre

Tout en gardant l’espoir d’une solution négociée de dernière minute, l’Union européenne a adopté, ce jeudi 24 juillet, une liste de marchandises américaines qui seraient taxées si Donald Trump applique ses droits de douane le 1er août.
Donald Trump avait pris l’UE de court en décrétant des droits de douane de 30% sur toutes les importations en provenance de l’UE à compter du 1er août. (Kenzo Tribouillard/AFP)
publié le 24 juillet 2025 à 14h09

Une entente entre l’UE et les Etats-Unis semble se dessiner. Ce qui n’empêche pas pour autant les Européens d’agiter la menace de ripostes en cas d’échec, et l’espoir d’un meilleur «deal». Les Vingt-Sept ont en effet donné leur feu vert à des représailles à hauteur de 93 milliards d’euros et qui s’appliqueraient dès le 7 août, ont annoncé des diplomates ce jeudi 24 juillet. Cette manœuvre tente ainsi de contrer la menace des droits de douane de 30 % sur les importations européennes voulue par Donald Trump et qui s’appliquerait le 1er août prochain.

Une solution négociée «à portée de main», a commenté ce jeudi 24 juillet un porte-parole de la Commission européenne. «Nous mettons tout en œuvre pour l’offrir aux citoyens de l’UE», a martelé devant la presse ce porte-parole Olof Gill. Le chancelier allemand Friedrich Merz avait évoqué mercredi 23 juillet, aux côtés du président français Emmanuel Macron, des «décisions» imminentes dans ces négociations commerciales, qui ont déjà connu de multiples rebondissements depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche.

Selon plusieurs sources européennes, l’accord prévoit des surtaxes douanières de 15 % sur les exportations européennes à destination des Etats-Unis, avec des exemptions notamment sur l’aéronautique, les spiritueux ou certains médicaments. Un accord séparé concerne l’acier. Les importations en provenance d’Europe seraient quant à elles encadrées par des quotas et tout dépassement serait taxé à hauteur de 50 %, selon des diplomates.

Et pour mettre toutes les chances de leur côté, les Européens regardent également, selon ces sources, l’accord scellé cette semaine entre Etats-Unis et Japon. Celui-ci prévoit des droits de douane fixés à 15 %, mais aussi des investissements japonais importants aux Etats-Unis.

Ce projet d’accord global reste toutefois suspendu au feu vert du président américain. Il avait déjà rejeté une précédente version plus favorable à l’UE, avec des droits de douane fixés à 10 %. Les Etats-Unis sont «en négociations sérieuses avec les Européens», a-t-il assuré mercredi. Et, «s’ils acceptent d’ouvrir l’Union aux entreprises américaines, alors nous leur permettrons de payer des droits de douane plus réduits», a ajouté Donald Trump.

Eventuelles représailles

En cas d’échec, les Européens ont annoncé ce jeudi 24 juillet avoir mis la dernière main à d’éventuelles représailles : une liste de marchandises américaines qui seraient taxées pour un total de 93 milliards d’euros, à compter du 7 août. Donald Trump avait en effet pris l’Union européenne de court le 12 juillet en décrétant des droits de douane de 30 % sur toutes les importations en provenance de l’UE à compter du 1er août.

L’Union européenne entend cette fois «montrer ses muscles», selon un diplomate à Bruxelles. «L’instrument anti-coercition», a été conçu pour être le «moyen de dissuasion le plus puissant» à disposition de l’UE, selon le porte-parole de la Commission.

Il permet, entre autres, le gel de l’accès aux marchés publics européens ou le blocage de certains investissements. Sa mise en œuvre requiert la majorité qualifiée des pays de l’UE, désormais acquise, grâce au soutien de l’Allemagne, auparavant réticente, selon ces sources.

Mais pour certains analystes, l’accord en préparation est loin de défendre les intérêts de l’Europe. Pour l’économiste belge Eric Dor, professeur à l’IESEG à Paris, il s’agit purement et simplement d’une «capitulation», dangereuse pour une économie européenne déjà à la peine.

Donald Trump entend réduire coûte que coûte le déficit commercial de son pays avec l’Europe, son premier partenaire économique dans le monde. Concernant les seules marchandises, ce déficit a atteint 157 milliards d’euros en 2023, selon Bruxelles.

Mais pour la Commission européenne, il faut aussi regarder du côté des services où les Etats-Unis ont un excédent commercial, qui a atteint 109 milliards d’euros en 2023. Les échanges entre les deux rives de l’Atlantique sont donc équilibrés, affirme Bruxelles, avec un déficit global pour les Etats-Unis réduit à 48 milliards d’euros.