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Libération
Délit d'initié

Droits de douane : des démocrates soupçonnent Donald Trump de manipuler les marchés au profit de ses proches

L’opposition démocrate accuse le président américain de délit d’initié en prévenant en amont ses alliés pour qu’ils puissent anticiper la réaction des Bourses du monde entier, qui fluctuent au gré de ses déclarations intempestives.
Les actions de Wall Street se sont envolées mercredi 9 avril après le report des tarifs douaniers de Donald Trump. (Angela Weiss/AFP)
publié le 10 avril 2025 à 15h25

Donald Trump a-t-il profité du chaos en Bourse pour enrichir ses proches et ses alliés ? Plusieurs élus démocrates soupçonnent le président américain de délit d’initié, estimant qu’il avait, en encourageant à acheter des actions juste avant son revirement spectaculaire sur les droits de douane, manipulé les marchés.

«Les proches de Donald Trump profitent-ils illégalement de ces énormes fluctuations du marché boursier par le biais de délits d’initiés ?» s’est interrogé le sénateur démocrate de Californie Adam Schiff sur son compte X ce mercredi 9 avril. «Le Congrès doit savoir», a-t-il ajouté, appelant à une enquête parlementaire. «Le président des Etats-Unis participe littéralement à la plus grande manipulation de marchés au monde», ont affirmé, toujours sur le réseau social d’Elon Musk, les élus démocrates de la commission des services financiers de la Chambre des représentants.

Après avoir déclenché une guerre commerciale mondiale et ébranlé les marchés, le président américain a écrit mercredi sur sa plateforme Truth Social, quelques minutes après l’ouverture de Wall Street, «C’EST LE MOMENT D’ACHETER». Un bon conseil… Quelques heures plus tard, le locataire de la Maison Blanche annonçait une suspension pour 90 jours des droits de douane supplémentaires à l’encontre de dizaines de pays, à l’exception de la Chine, provoquant un rebond boursier historique.

Trump a seulement voulu «rassurer», assure la Maison Blanche

Un juriste spécialiste en éthique a lui aussi estimé qu’il y avait matière à enquête. «Les présidents ne sont pas des conseillers en investissements», a estimé sur X Richard Painter, professeur en droit et ancien avocat chargé de l’éthique à la Maison Blanche sous l’ancien président George W. Bush. «Ce scénario pourrait exposer le Président à des accusations de manipulation du marché», a-t-il déclaré sur la chaîne NBC.

La Maison Blanche s’est défendue en affirmant que Donald Trump n’avait voulu que «rassurer». «Il est de la responsabilité du président des Etats-Unis de rassurer les marchés et les Américains sur leur sécurité économique face à l’alarmisme permanent des médias», a assuré au Washington Post Kush Desai, porte-parole de la Maison Blanche.

Une vidéo postée sur X par Margo Martin, conseillère à la communication de la Maison Blanche, montre le président américain recevant Charles Schwab, fondateur et coprésident du gestionnaire d’actifs du même nom, dans le Bureau Ovale mercredi, à une heure non précisée. «Voici Charles Schwab», s’exclame Trump, en présentant le milliardaire de 87 ans à des champions de courses automobiles. «Ce n’est pas seulement une entreprise, c’est en fait un individu ! Et il a gagné 2,5 milliards [de dollars] aujourd’hui», a-t-il lancé sur un ton léger.