L’Union européenne propose de répliquer aux taxes américaines sur les importations d’acier par des droits de douane de 25 % sur des marchandises américaines, mais épargnera le bourbon, pour éviter des représailles aux vins et spiritueux européens, selon une liste consultée par l’AFP. Elle comporte en revanche des produits agricoles comme le soja, la volaille, le riz, et plusieurs fruits. Elle prévoit également des droits de 25 % sur le bois, les motos, des produits plastiques, des équipements électriques ou des produits de maquillage.
Ces droits de douane européens sont censés répondre aux taxes américaines sur l’acier et l’aluminium, entrées en vigueur en mars. Le Kentucky, qui produit 95 % de ce type de whisky, peut respirer : le bourbon offre un salaire à plus de 23 000 personnes dans cet Etat du sud des Etats-Unis qui a massivement voté en faveur de Donald Trump en novembre. Le secteur ne pèse pas moins de 9 milliards de dollars.
Guerre commerciale
Plusieurs pays producteurs de vin, dont l’Italie et la France, avaient plaidé pour épargner le bourbon après les menaces de Washington d’imposer en représailles des droits de douane de 200 % sur les vins et spiritueux européens. Et le whisky américain ne figure pas dans la liste des représailles européennes communiquée aux 27 Etats membres avant une réunion de leurs représentants mercredi à Bruxelles.
Réputée mondialement pour ses vins de Bordeaux, de Bourgogne ou de Champagne, la France exporte massivement ces alcools aux Etats-Unis. En 2024, quelque 2,4 milliards d’euros de millésime ont traversé l’Atlantique, ce à quoi il faut ajouter plus d’1,5 milliards d’euros de «boissons alcoolisés distillées», dont notamment le cognac. Mais suite aux annonces de Washington, la filière française des vins et spiritueux craint un recul d’environ 800 millions d’euros d’exportations.
Même si les 200 % sont écartés, la Fédération française des exportateurs de vins et spiritueux juge quand même que la décision des Etats-Unis d’appliquer un droit de douane général de 20 % sur tous les produits importés de l’Union européenne «entraînera des conséquences extrêmement lourdes sur le secteur des vins et spiritueux français et européens».
La plus grande partie de ces taxes européennes pourraient entrer en vigueur à la mi-mai, si les Etats membres donnent leur accord. Certains droits, sur les amandes par exemple, n’entreraient en vigueur qu’en décembre. L’Union européenne n’a en revanche toujours pas répondu aux droits de douane «réciproques», annoncés la semaine dernière par Donald Trump, qui s’élèvent à 20 % pour tous les produits en provenance de l’UE. La riposte européenne sur ces droits réciproques pourrait être présentée «en début de semaine prochaine», a indiqué un porte-parole de la Commission ce mardi 8 avril.