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Droits de douane : Trump annonce un accord commercial «total et complet» avec le Royaume-Uni

Le président américain avait annoncé mercredi 7 mai «un important accord commercial avec un grand pays très respecté». Il confirme ce jeudi qu’il s’agit du Royaume-Uni.
Le Premier ministre britannique Keir Starmer et Donald Trump à la Maison blanche, le 27 février 2025. (Carl Court/AP)
publié le 8 mai 2025 à 12h45
(mis à jour le 8 mai 2025 à 17h23)

L’annonce était attendue. Le président américain a confirmé ce jeudi sur son réseau Truth Social avoir trouvé un accord commercial «total et complet» sur les droits de douane avec le Royaume-Uni, précisant que c’était «le premier de beaucoup d’autres». «L’accord avec le Royaume-Uni est total et complet, il cimentera la relation entre les Etats-Unis et le Royaume-Uni pour de nombreuses années», écrit-il. «En raison de notre longue histoire et de notre fidélité, c’est un grand honneur d’avoir le Royaume-Uni comme notre PREMIÈRE annonce. Beaucoup d’autres accords, qui sont à des stades sérieux de négociation, suivront !», a-t-il ajouté.

Cet accord «historique» permettra notamment d’ouvrir davantage les portes du Royaume-Uni aux produits américains pour «plusieurs milliards de dollars», «en particulier pour le bœuf américain, l’éthanol et quasiment tous les produits que produisent nos chers agriculteurs», a précisé le Donald Trump. Par ailleurs, le Royaume-Uni est sur le point d’annoncer des commandes de Boeing pour 10 milliards de dollars, a assuré dans la foulée un ministre américain. En échange, les droits de douane américains sont réduits à 10 % pour les automobiles britanniques.

Sur son compte Truth Social, le locataire de la Maison Blanche, avait annoncé mercredi 7 mai une «grande conférence de presse (jeudi) matin à 10 heures (16 heures à Paris), dans le Bureau ovale, concernant un important accord commercial avec les représentants d’un grand pays très respecté». Jeudi, le Premier ministre britannique Keir Starmer a salué «un jour vraiment fantastique et historique», reliant cette annonce à celle de «la Victoire en Europe», «il y a exactement 80 ans», par Winston Churchill.

Des discussions bientôt avec la Chine

Londres discute depuis plusieurs semaines avec les Américains dans l’espoir de réduire les surtaxes douanières appliquées sur les exportations du pays (10 % sur tous les produits et 25 % sur l’acier, l’aluminium et l’automobile).

Un tel accord est une première depuis que le milliardaire a imposé au monde entier des droits de douane massifs sur les biens importés par les Etats-Unis, avant de faire en grande partie marche arrière devant le bouleversement de l’ordre économique international. Les Etats-Unis mènent autres discussions de ce type avec plusieurs autres pays. L’ouverture ce week-end en Suisse de celles avec la Chine est très attendue.

Limiter les dégâts

Malgré l’annonce d’un accord «total et complet», plusieurs analystes et économistes estiment qu’il ne pourra s’agir que d’un arrangement de portée limitée. Soulignant «qu’il faut des années pour négocier des accords commerciaux complets», les analystes de Deutsche Bank envisageaient plutôt l’annonce d’«un cadre» de négociations. Interrogé par l’AFP, Jonathan Portes, économiste au King’s College de Londres, n’imagine lui rien d’autre qu’«une opération de limitation des dégâts» et certainement pas «un véritable coup de pouce à l’économie» britannique. Même si, reconnaît-il, «il s’agira clairement d’un soulagement pour les entreprises».

Taxés à hauteur de 25 %, les prestigieux constructeurs automobiles britanniques, comme Bentley, Aston Martin ou Jaguar, sont en toute première ligne : les Etats-Unis sont leur premier marché hors UE en 2024 (9 milliards de livres, 27,4 % des exportations).

Les concessions du gouvernement britannique seront scrutées de près, en particulier s’il a accepté d’alléger sa taxe numérique - qui cible les géants américains et rapporte 800 millions de livres par an - au moment même où il réduit les allocations sociales pour équilibrer son budget. Les travaillistes n’ont jamais démenti la présence sur la table des négociations de cette taxe à haute valeur symbolique, surtout pour Donald Trump, dont les grands patrons américains de la tech sont devenus les proches alliés.

Sky News affirme que Londres a offert des concessions en matière agricole. «J’agirai toujours dans notre intérêt national, pour les travailleurs, les entreprises et les familles», a promis Keir Starmer jeudi, deux jours après avoir annoncé un accord commercial avec l’Inde.

Importance de l’UE

Le Royaume-Uni, qui a regagné son autonomie commerciale depuis son départ de l’UE en 2020, a toujours pris soin d’épargner dans ses commentaires l’imprévisible président américain, tout comme il s’est gardé de menacer Washington d’une quelconque réplique à ses droits de douane. Le pays bénéficie du fait que le commerce bilatéral de biens est resté à l’équilibre en 2024, selon des statistiques officielles, le Royaume-Uni ayant importé pour 57,1 milliards de livres de biens américains et en ayant exporté pour 59,3 milliards de livres.

La balance commerciale penche cependant largement en faveur de Londres en matière de services, le pays ayant exporté pour 137 milliards de livres aux Etats-Unis l’an passé, contre 61,2 milliards d’importations. Mais ce secteur reste, pour l’instant, en marge de la guerre commerciale. Si les Etats-Unis sont le deuxième partenaire commercial du Royaume-Uni, ils restent loin derrière l’UE reste qui compte pour 40 % dans leurs échanges.

La ministre britannique des Finances Rachel Reeves a d’ailleurs récemment insisté sur la valeur de la relation commerciale avec Bruxelles, soulignant qu’elle était «sans doute encore plus importante» qu’avec les Etats-Unis. Londres accueillera le 19 mai les présidents des institutions de l’UE, premier sommet de ce type depuis le Brexit.

Mise à jour à 13 h 45 avec plus de détails puis à 17 h 20 avec les déclarations de Donald Trump et Keir Starmer.