«Pas facile.» C’est ainsi que Donald Trump a qualifié la période qui s’annonce sur son réseau social TruthSocial, ce samedi 5 avril, après avoir mis en place mercredi soir les barrières douanières les plus délirantes depuis un siècle, entraînant vendredi une riposte ferme de Pékin et un plongeon des places financières internationales.

Usant et abusant à son habitude des lettres capitales, le Président a affirmé : «La Chine a été frappée beaucoup plus durement que les Etats-Unis. […] Nous ramenons des emplois et des entreprises comme jamais auparavant. […] C’EST UNE RÉVOLUTION ÉCONOMIQUE, ET NOUS ALLONS GAGNER. TENEZ BON, cela ne sera pas facile, mais le résultat final sera historique.»

Vendredi, alors que les marchés piquaient du nez après que Pékin avait annoncé dans la matinée qu’il appliquerait désormais aux Etats-Unis l’exacte réplique des tarifs douaniers annoncés par Trump, soit 34 %, le locataire du Bureau ovale, en route pour son club de golf en Floride, avait déjà joué les gros bras sur Truth Social : «La Chine a mal joué le coup, ils ont paniqué – la seule chose qu’ils ne peuvent pas se permettre de faire.»

A Wall Street, vendredi, le Dow Jones a perdu 5,5 %, l’indice Nasdaq a fondu de 5,82 %, soit une chute de 22 % depuis son record en décembre, et l’indice élargi S & P500 a lâché 5,97 %, sa pire séance en Bourse depuis la crise du Covid en 2020. En deux jours, la place américaine a laissé s’envoler plus de 6 000 milliards de dollars de capitalisation boursière, selon l’indice Dow Jones US Total Stock Market. Les séances en Asie et en Europe avaient aussi auparavant tourné à la débâcle. Signe que les investisseurs redoutent l’impact sur l’économie mondiale, les cours du pétrole ont reculé d’environ 7 %.

Donald Trump s’est montré indifférent à ces soubresauts. «SACHEZ QUE JE NE CHANGERAI JAMAIS DE POLITIQUE. C’EST UN BON MOMENT POUR DEVENIR RICHE, PLUS RICHE QUE JAMAIS !» a assuré le président américain vendredi soir, toujours en lettres capitales, sur Truth Social. «Les grandes entreprises ne sont pas inquiètes des droits de douane, parce qu’elles savent qu’ils sont là pour longtemps», a-t-il ajouté un peu plus tard.

Pendant ce temps, le multimilliardaire américain Elon Musk, membre de l’administration Trump, déclarait sans honte, ce samedi 5 avril lors du congrès du parti italien d’extrême droite la Ligue à Florence, où il intervenait en visioconférence, qu’il espère «une zone de libre-échange» entre l’Europe et l’Amérique du Nord, avec des «droits de douane nuls».

Se disant favorable à «davantage de liberté de mouvement entre l’Europe et l’Amérique du Nord», le magnat et patron du «département de l’efficacité gouvernementale» qui fait des ravages dans l’administration américaine a ajouté : «Que l’on souhaite travailler en Europe ou aux Etats-Unis, on devrait pouvoir le faire, à mon avis.» Il a précisé avoir «conseillé le président Trump en ce sens».

Dès ce samedi 5 avril, la plupart des produits entrant aux Etats-Unis, quelle que soit leur origine, se voient imposer un droit de douane plancher de 10 %, qui s’additionne aux taxes douanières qui existaient au préalable. La facture deviendra encore plus lourde mercredi 9 avril pour les pays qui exportent plus vers les Etats-Unis qu’ils n’importent de produits américains.

Mise à jour le 5 avril à 19h39 avec les déclarations d’Elon Musk.