On a vu meilleur cost-killer. Elon Musk s’est dit «ravi d’annoncer», jeudi 10 avril au soir, que sa mission visant à tailler dans les dépenses fédérales aux Etats-Unis allait permettre d’économiser 150 milliards de dollars (132 millions d’euros) sur une année pleine, «grâce à la réduction du gaspillage et de la fraude». Une déclaration pourtant loin des prévisions qu’il avait faites à l’origine. A la tête d’une commission pour «l’efficacité gouvernementale» (Doge), l’homme le plus riche du monde avait initialement annoncé un objectif de 2000 milliards de dollars, soit treize fois plus. Actuellement, le budget annuel de l’administration fédéral tourne autour de 7 000 milliards de dollars.
Les Etats-Unis de Trump
Ce n’est pas la première fois que l’homme d’affaires parti en chasse contre le «gâchis, la fraude et les abus» revient sur ses ambitions, puisqu’il avait finalement estimé, en janvier, qu’aboutir à 1 000 milliards d’économies serait déjà un «super résultat». Malgré ces annonces très loin des objectifs et une opération de casse sans précédent dans l’administration, Musk a estimé que ces coupes «allaient aboutir à de meilleurs services pour les Américains».
Dans la foulée, Donald Trump a déclaré que les équipes du Doge étaient «fantastiques» et leur a demandé de rester à bord pour le «long voyage» vers moins de dépenses publiques.
«Irréfléchies et contreproductives»
Si les économies réalisées par Elon Musk sont bien plus faibles que prévu, elles n’ont pour autant pas été sans effet sur le fonctionnement de l’administration. Depuis longtemps dans le viseur du milliardaire, le ministère de l’Education avait annoncé début mars que ses effectifs seraient réduits de moitié, passant de 4 100 personnes à 2 200. «Il est clair que nous ne supprimons pas l’éducation», avait tenté de rassurer la secrétaire de l’Education, Linda McMahon, affirmant que le Président souhaitait seulement «supprimer la bureaucratie de l’éducation».
En février, sept républicains de l’Etat de New York avaient envoyé un courrier à Donald Trump pour lui demander d’annuler certaines coupes «irréfléchies et contreproductives», notamment dans le budget du programme de santé du World Trade Center. Ce programme, dont bénéficient 137 000 personnes, doit permettre à ceux qui ont été contaminés par les toxines présentes dans l’air autour de l’endroit où se trouvaient les Tours jumelles de bénéficier d’une prise en charge médicale.
L'arroseur arrosé
Le passage d’Elon Musk dans l’administration Trump n’est en outre pas aussi idyllique que prévu. Alors que le chef de l’Etat américain a lancé une politique douanière agressive, le patron de Tesla s’y est publiquement opposé à plusieurs reprises. Samedi 5 avril, lors d’une visioconférence pendant le congrès du parti italien anti-migrants la Ligue, à Florence, le multimilliardaire a défendu la mise en place d’une «zone de libre-échange» entre l’Europe et l’Amérique du Nord, avec des «droits de douane nuls». Deux jours plus tard, il a publié sur X une vidéo de l’économiste américain Milton Friedman militant pour la fin des droits de douane. Mardi, le milliardaire a posté deux autres messages sur la plateforme, dans lesquels il estime que Peter Navarro, le conseiller en commerce du Président à l’origine des droits de douane qui ont fait plonger les Bourses mondiales, est un «crétin», «bête comme ses pieds», mettant pour la première fois au jour les tensions au sein de l’administration américaine.
La mission d’Elon Musk a la tête du Doge est temporaire et son mandat devrait s’arrêter le 4 juillet 2026, à l’occasion du 250e anniversaire de la Constitution américaine. Mais si Donald Trump maintient jusqu’ici son soutien à Musk, il a, ces derniers temps, rappelé plusieurs fois que la mission de l’hyperactif homme d’affaires n’allait pas durer éternellement, et qu’il lui faudra un jour reprendre les manettes de Tesla, dont les ventes et le cours de Bourse sont en baisse.