Ce 27 juin, pendant les interminables quatre-vingt-dix minutes de son débat avec Donald Trump, les démocrates avaient vu en atroce ralenti s’effondrer leurs espoirs d’une réélection du président Joe Biden en novembre. Une fois le supplice achevé, le désespoir des chaumières anti-Trump n’avait d’égal que la sidération des commentateurs politiques, dans le silence paniqué de la machine de campagne démocrate. Quand, enfin, elle est apparue.

De sa résidence privée de Los Angeles, où elle séjourne souvent pendant ses voyages dans sa Californie natale, Kamala Harris venait elle aussi d’assister, une demi-heure plus tôt, au désastre. Adossée à un fond d’écran artificiel orné d’une bannière étoilée, la vice-présidente ajustait son oreillette comme pour se préparer au combat, à la première interview, sur CNN, d’un officiel démocrate sur la performance de Joe Biden. «On ne met pas en balance quatre-vingt-dix minutes de débat avec le bilan de quatre ans de travail»