Biden «courageux». Après l’annonce du retrait de Joe Biden de la course à la Maison Blanche dimanche 21 juillet, les médias américains affichaient tous en grosses lettres l’événement, souvent accompagné d’une photo de Joe Biden. «Biden renonce et soutient Harris» pour le New York Times, «Biden se retire» pour le Washington Post, «Out : Biden. In : Harris» pour Politico. Les articles ont afflué toute la journée et la soirée, jusqu’à atterrir en tête de une des journaux de ce lundi 22 juillet. Le comité de rédaction du New York Times, qui avait appelé dans une tribune Joe Biden à se retirer il y a quasiment un mois, a souligné l’acte «courageux» du président américain : «M. Biden a maintenant fait ce que Trump ne fera jamais : il a placé l’intérêt national au-dessus de sa fierté et de son ambition personnelle.» Sans toutefois manquer de rappeler que de nombreux démocrates avaient enjoint Joe Biden à quitter la course.

Le quotidien de référence aux Etats-Unis a largement alerté sur les dangers d’un second mandat de Donald Trump, appelant les démocrates à faire le bon choix sur le ou la candidate. «Choisir Mme Harris serait une voie raisonnable pour les démocrates», concède ainsi le New York times, en accord avec le comité de rédaction du Washington Post, qui désigne Kamala Harris comme la «favorite». Les autres démocrates aux fortes ambitions auront sans doute du mal à «refuser l’investiture à la première femme vice-présidente», estime le quotidien de la capitale américaine. Dans son éditorial, le journal somme tout de même le parti à ouvrir la course à toutes les candidatures. Kamala Harris «n’est pas la seule option», juge le quotidien, mentionnant de potentielles figures aptes à se présenter – notamment les gouverneurs du Michigan, Gretchen Whitmer, de Caroline du Nord, Roy Cooper, ou du Kentucky, Andy Beshear.

Moins tendre avec le Président, le Wall Street Journal écorche un peu plus le bilan de Joe Biden, «incapable de dissuader Vladimir Poutine» de lancer sa guerre contre l’Ukraine et incapable de «pousser la Russie à la table des négociations», estime le comité de rédaction dans une tribune. «Idem pour le Moyen-Orient», balaie le quotidien économique, qui invite lui aussi le parti à laisser le débat ouvert sur le futur candidat d’ici à la convention démocrate, qui doit se tenir à Chicago la semaine du 19 août. Publication d’analyses, de récits de la décision, de profils des potentiels vice-présidents que Kamala Harris pourrait choisir… La presse américaine s’en est donné à cœur joie.

Le San Francisco Chronicle, quotidien de la ville californienne située à deux pas de là où Kamala Harris a grandi, est parti échanger avec les habitants bien au fait de sa carrière politique. «Si certains habitants ont déclaré soutenir Mme Harris et être optimistes quant à ses chances de battre l’ancien président Donald Trump, d’autres ont dit craindre que Mme Harris […] ne soit pas en mesure d’obtenir un soutien suffisant», écrit le journal. Avant de citer un habitant de San Francisco : «Si Hillary [Clinton] n’a pas réussi à gagner, quelles sont les chances qu’une femme, et surtout une femme noire, soit élue présidente ?»